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24/02/2012

Le garçon et le serpent

Pour Oumar qui a eu la gentillesse de me raconter cette histoire de serpent qu’il a vécue à Kaédi en Mauritanie.

 

Kotoko attend. Depuis qu’il a franchi la terrible fenêtre fermée, il attend. Il ne veut pas remonter vers le nord car le froid devient de plus en plus incisif au fur et à mesure que les feuilles des arbres jaunissent. Kotoko attend patiemment le passage de la cigogne qui descendant de Pologne, où elle s’est gorgée de délicieuses grenouilles tout l’été, va rejoindre l’Afrique pour y passer l’hiver au chaud.

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Dans l'instant elle arrive, toutes ailes déployées.

-        Cigogne, cigogne, crie Kotoko. Ne m’oublie pas. Je veux partir avec toi. Comme Nils Holgerson* le fit en son temps au-dessus de la Suède !

 

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Nils en vol sur son oie

 

La cigogne entend l’appel de Kotoko et descend vers lui en tournoyant lentement. Avant de se poser aux côtés de notre hérisson, elle fait une petite pause au sommet d’un réverbère pour faire attendre un peu son impatient compagnon de voyage.

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Lorsque la cigogne est décidée, elle charge Kotoko sur son dos et tous les deux s’engagent dans un long, très long voyage vers le sud. Ils traversent les montagnes des Pyrénées puis survolent longuement l’Espagne. Après des heures de vol, mais heureusement poussés par un vent du nord, ils aperçoivent Gibraltar et de l’autre côté de la mer la côte du Maroc. Tanger, Kenitra, Rabat, Casablanca, Marrakech. Les villes défilent sous les ailes de notre infatigable cigogne.

Quand le grand désert du Sahara se présente sous leurs yeux, nos deux amis savent qu’il leur reste encore beaucoup de kilomètres à parcourir.  Kotoko décide de piquer un petit somme pendant que son amie le transporte doucement. L’océan Atlantique sur leur droite, le soleil droit devant eux, ils sont dans la bonne direction.

A son réveil, Kotoko a la surprise de se retrouver au bord d’un grand fleuve.

-        Où sommes-nous, cigogne ? demande le hérisson.

 

-        Au bord du fleuve Sénégal, le but de mon voyage. En Mauritanie, à Kaédi très exactement. Je vais me régaler de grenouilles et autres batraciens. Sans parler des poissons. Le fleuve en regorge.

 

-        Je comprends que tu as besoin de reprendre des forces après ce long périple. Je vais aller faire un tour. Je suis curieux de découvrir cette ville que je ne connais pas.

Kotoko se dirige vers une école et plus précisément vers un logement occupé par un enseignant, entouré d’un jardin. A la grande surprise du hérisson, la nuit tombe très vite au bord du fleuve Sénégal et un étrange manège se met alors en route. Un grand garçon, mince et à la peau sombre, revient de son lycée et se dirige vers sa chambre. Rien d’extraordinaire. Mais l’attention de Kotoko est bientôt retenue par un léger bruit, celui d’un froissement de sable et de feuilles séchées. Et tout à coup arrive le serpent. Calme et décidé.

Kotoko a peur. Pas pour lui, mais pour le garçon qui pourrait sortir de sa chambre et se faire piquer par l’animal venimeux… Mais rien de ce cauchemar ne se réalise. Le serpent qui semble familier des lieux, vient se placer contre la porte de la chambre, se love et s’endort comme un fidèle gardien. Du minaret de la mosquée voisine monte la prière d'Al Icha et la paix de la nuit s'installe à peine troublée par le cri régulier et insistant de l'engoulevent qui niche dans le grand manguier installé au milieu de la cour. 

Kotoko n’en revient pas. Il n’a pas peur des serpents en tant que hérisson. Il n’a cependant jamais vu un reptile protéger ainsi un humain, le veiller, sans doute toutes les nuits… Et quand s'élève la prière d'Ach-Chourouq et que le soleil se lève, le serpent part discrètement vers son trou de l'autre côté de la haie où il passe la journée au frais.

Les amitiés sont mystérieuses y compris entre les hommes et les animaux.

Riche de cette nouvelle expérience, Kotoko grignote quelques énormes sauterelles en guise de petit-déjeuner. Il lui reste encore beaucoup de kilomètres à franchir avant de rejoindre son Ghana natal. Comment va-t-il les parcourir ?

 

*Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède par Selma Lagerlof  dont je recommande la lecture à tous les enfants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

18:35 Écrit par Jean Julien dans Aventures de Kotoko et autres | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : kaedi, mauritanie, cigogne, serpent, maroc |

Commentaires

Merci de nous faire rêver. Les adultes sont aussi friands de rêves que les enfants. Ce sont aussi des contes poétiques . Au plaisir de continuer à te lire.

Écrit par : Joseline | 25/02/2012

Une heureuse et belle aventure de Kotoko. L'idée du voyage sur le dos de la cigogne est excellente: un petit rêve pour un enfant.
Je vois un peu plus clair dans ces contes qui, au premier abord, m'avaient étonnés. C'est sans doute le sable de la Mauritanie qui a réveillé mon esprit. Merci, et merci à Oumar.
A quand la prochaine Lettre de La Sévigné? Les provinciaux sont gourmants des nouvelles de la Cour et de la Ville.

Écrit par : Christian | 25/02/2012

Très belle aventure à travers laquelle les enfants s’initient à la géographie.

L'auteur aurrait-il l'âme d'un enfant pour si bien s'exprimmer ? En tous le cas bravo pour l'imagination.

Continuez de nous faire rêver.

PS.La petite histoire sur le serpent rend presque sympathique ce reptiles qui en général suscite la frayeur.

Écrit par : Lidia | 01/03/2012

Les commentaires sont fermés.