UA-116390607-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/06/2011

Grand-mère a perdu son dentier

 Pour Aurélie Marsollier-Hoisnard, ma grand-mère paternelle (1900-1981)

 

pays gallo,la couyère,1960

La Couyère, Ille-et-Vilaine

 

 

(En Pays Gallo, vers 1960)

 

 

 

Aurélie et Suzanne, sa fille, ont décidé de se lever très tôt ce matin. Aussi quand sonne l’angélus au clocher de La Couyère, vers 5 heures et demie du matin, et que le premier merle commence à siffler, Aurélie ouvre-t-elle un œil dans son grand lit.

 

Il fait à peine jour, seul un petit rayon de lumière passe au travers des volets fermés. Toute la maisonnée dort. C’est que la chambre d’Aurélie compte 4 lits, sans oublier le lit pliant, horriblement inconfortable et réservé aux hôtes de passage. Aurélie dort seule mais dans chacun des  3  lits restants  dorment deux personnes. 3 fois deux 6. Plus 1 cela fait sept ! Une vraie couvée de poussins !

 

Vite levée, vite lavée, vite habillée, Aurélie réveille Suzanne qui aurait aimé prolonger son rêve. Mais on est jeudi et il faut aller au Petit trou laver le linge sale. Le petit trou c’est la mare située pas très loin de la maison. Après un bol de café bien mélangé de chicorée, on rassemble le linge sale. On le charge sur la brouette. On pousse la brouette sur la petite sente qui longe les maisons puis les jardins, passe devant le puits, laisse les toilettes dans leur cabane en bois sur la gauche, et conduit au Petit trou *.

La maison d'Aurélie, au milieu 

pays gallo,la couyère,1960

Le puits

pays gallo,la couyère,1960

Arrivées au bord de la mare, les deux femmes placent leurs boîtes à laver au bord de l’eau et s’agenouillent, les jambes protégées de l’eau froide par la caisse en bois. Et elles commencent à tremper le linge, à l’imprégner de savon de Marseille, à le frotter, à le rincer, à l’essorer…

 

Soudain, un plouf discret. Aurélie pousse un cri strident… «  Mon dentier, mon dentier ! » Il lui a échappé. Peut-être bavardait-elle trop avec Suzanne, la tête penchée sur l’eau ? Le dentier est tombé dans l’eau sombre du Petit trou et il a disparu…

 

Aurélie est très contrariée. Elle n’a plus de dents et a vraiment besoin de son dentier pour manger et parler. La stupeur passée, que faire ? Aurélie et Suzanne saisissent  un seau auquel on a fixé un long manche et elles tentent de racler le fond de la mare avec cet instrument rudimentaire. Mais que tenter d’autre ? Elles rapportent des kilos de vase avec le seau emmanché. Et aussi une vieille brosse à dent. Et une vielle boîte de sardines rouillée…

 

Elles sont au bord du découragement quand, soudain, Aurélie croit distinguer une forme familière dans la vase noire. Une dent, puis une autre brillent au soleil. Le dentier émerge de la vase.  « Le dentier ! Mon dentier chéri te voilà retrouvé ! »

 

Aurélie et Suzanne font un signe de croix pour remercier le bon Dieu de les avoir aidées. Aurélie, très sage, attendra de rentrer à la maison une fois la lessive terminée pour laver son dentier et le replacer dans sa bouche.

 

Aurélie fut-elle plus prudente après cette mésaventure ? Parla-t-elle moins en lavant son linge ? Je ne m'en souviens pas. Mais les enfants retiendront de cette histoire que trop parler peut parfois jouer des mauvais tours ! A bon entendeur, salut !

 

* Curieux, ne cherchez pas Le Petit trou, il a été comblé.  

 

    

 

 

 

 

 

14:37 Écrit par Jean Julien dans Histoires à dormir debout | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pays gallo, la couyère, 1960 |