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06/06/2014

De l'Elysée à Saint-Denis

 

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Détail d'une mosaïque, façade de commerce, Arles-sur-Tech, Pyrénées-Orientales

 

"We are not amused."

Elisabeth II du Royaume Uni

 

Quel spectacle nous offre la classe dirigeante française depuis quelques années ! Il mérite quelques lignes. Je ne prétends pas être exhaustif dans si peu d’espace. Je souhaite simplement livrer quelques réflexions et observations, lancer des pistes.

Depuis l’éviction de Jospin de la présidentielle de 2002, notre monde politique semble déboussolé. Quand en 2007 prennent fin les 12 années d’apathie totale de l’ère du roi fainéant Chirac, la France a besoin de mouvement. Nicolas Sarkozy est élu à la présidence de la République. Alain Badiou publie en octobre 2007 un ouvrage au titre fameux De quoi Sarkozy est-il le nom ?*. Il y montre que le nouveau président de la République française n’est rien en tant que tel mais qu’il est le représentant des puissances de l’argent et qu’il agit en leur nom à la tête de l’Etat. Badiou a raison. Je ne reprendrai pas ici la longue litanie des cadeaux distribués aux plus riches par Sarkozy. Je ne reviendrai pas non plus sur l’accroissement énorme de la dette de la France sous son ère, en-dehors des effets de la crise de 2008. Sarkozy a bien renvoyé l’ascenseur.

Sarkozy est donc  le nom de « l’argent », des riches. Les récentes affaires au sein de l’UMP montrent avec quelle cynique arrogance lui et ses proches ont géré financièrement ce parti et financé la campagne présidentielle de  2012. Les Copé, les Lavrilleux, les préfets Lambert et autres sbires ont magouillé en utilisant comme paravent la société Bygmalion, créée par des proches de Copé. Il est probable qu’on commence à peine à découvrir la partie émergée de l’iceberg. On peut compter sur les vieilles haines au sein de l’UMP pour que le déballage se poursuive.

Ces histoires de financement occultes ne datent pas d’aujourd’hui : les rétro commissions de la campagne Balladur-Sarkozy de 1995, les financements par Kadhafi de la campagne de Sarkozy de 2007, et d’autres (les Bettencourt par exemple).

La gauche n’est pas épargnée : Cahuzac et son compte en Suisse avec en prime le mensonge d’Etat en direct. Cahuzac joue cependant petit (moins d’un million d’Euros…), c’est un peu minable. Strauss-Kahn et ses frasques sexuelles : l’argent il en a suffisamment et depuis toujours pour se payer toutes les putes du monde, marocaines, guinéennes ou lilloises. Tapie (ni de gauche ni de droite) qui a négocié avec les plus hautes autorités politiques françaises dès Sarkozy élu  le montant de son indemnisation dans l’affaire Adidas (près de 500 millions d’€)…

Cette déliquescence d’une partie de notre classe dirigeante décourage maints électeurs et/ou les poussent dans les bras de l’abstention et du FN. Quand le seul moteur devient l’argent et l’accumulation de richesses, on voit ce qui se passe. Il ne s’agit pas de libéralisme mais bien plutôt de  libertarisme, doctrine qui gagne du terrain, prône la disparition des Etats et donc de l’impôt. L’intérêt général est jeté à la poubelle. Chacun pour soi. L’argent comme fin en soi. L’argent corrupteur. L’argent destructeur.

Freud assimilait l’argent à la merde. Et il avait raison. Il n’a de valeur que si on l’utilise comme engrais, qu’on le recycle. Il doit être redistribué, ventilé. Sinon il pue. Bernard Maris a publié il y a quelques mois un ouvrage sur Capitalisme et pulsion de mort. Il a raison, le consumérisme et l’accumulation de biens, à outrance, conduisent à notre fin. Pourquoi pas ? « A chacun sa merde » comme je l’ai entendu il n’y a pas si longtemps. « Le monde court à sa perte et tant mieux » disait notre chère Duras.

Je ne crois pas à cette résignation égoïste et la Duras savait se faire provocatrice. Nous ne sommes pas tous, loin s’en faut, devenus libertaires. Un récent gagnant du Loto a donné à des associations 50 millions des 70 qu’il avait gagnés. Il a eu bien raison : que faire au-delà d’un certain montant de tout cet argent ? Avec les 20 millions qui lui restent, il vivra confortablement (800 000 € de revenu annuel avec cette somme placée à 4 %) et avec la satisfaction d’avoir été généreux.

Au-delà de cette crise libertaire qui touche une partie de la société française (pas toute,  loin de là), je pense que notre pays traverse une crise structurelle. Notre constitution est caduque et entrave la bonne marche de notre pays. Il faut s’interroger sur cette bicéphalité (Président de la République et Premier ministre) de plus en plus incompréhensible et toxique (je cède à un adjectif à la mode). A quoi sert le sénat ? Nos régions n’ont pas assez de pouvoir, notre pays est encore beaucoup trop centralisé.

Simplifions. Nous avons besoin d’un vrai chef de l’exécutif et d’un seul, issu du Parlement, et d’un Président de la République, symbole et garant de la République, la représentant en France et à l’étranger, mais ne gouvernant pas. Sa désignation ne revient pas au suffrage universel. Ce Président devrait d’ailleurs quitter l’Elysée symbole monarchique d’un autre temps et s’installer dans un lieu solennel tel les Invalides (il y a de la place), le château de Vincennes (De Gaulle y avait songé). Ma préférence irait à Saint-Denis : la République y dispose d’un magnifique bâtiment dévolu à l’Institution de la Légion d’Honneur. Il s’agit de l’ancienne abbaye située près de la basilique où reposent maints de nos rois de France. Contradiction : non. Signe de la continuité de l’Etat français en dehors de Paris et des hôtels particuliers construits par nos rois pour leurs favorites. Pour ne pas employer un autre mot.

 

 

* http://www.editions-lignes.com/DE-QUOI-SARKOZY-EST-IL-LE-NOM.html