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21/12/2011

La fenêtre éclairée

 

-        Où suis-je ? Il y a un instant, je grignotais une fourmi dans le parc de Montsouris à Paris et soudain je me retrouve je ne sais où !

Kotoko était songeur.

Peut-être s’était-il un peu trop rapproché des grilles magiques du parc ? Peut-être, sans s’en rendre compte, avait-il pointé le bout de son museau entre deux barreaux ? Ce qui l’aurait immanquablement aspiré vers ce lieu inconnu.

Un lieu ? Kotoko n’en était pas très sûr. Il se trouvait sur le rebord d’une fenêtre fermée. Elle  n’avait pas été ouverte depuis des lustres : les araignées y prospéraient et tissaient tranquillement leurs toiles dans son encadrement. Le mastic, destiné à maintenir chacun des deux carreaux dans son emplacement, était desséché, par places disparu, laissant craindre qu’un jour les deux vitrages ne s’écroulent.

Kotoko, en bon observateur, décida de poursuivre son enquête afin de déterminer où il avait atterri. En se retournant prudemment sur le rebord de la fenêtre, qui était très étroit, il constata qu'un étrange mélange encombrait la pièce éclairée par la fenêtre: des feuilles de vigne vierge bien vertes, des panneaux indicateurs illisibles, des cintres, du linge qui sèche et tout au fond une ampoule allumée sans abat-jour…

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Comment était-il possible qu’un tel bric-à-brac se trouvât là ? En y regardant bien, très attentivement, Kotoko se dit que là où il était perché, le monde était aussi bien à l’envers qu’à l’endroit.

Soudain une ombre apparut au fond de la pièce, là où s'entassait une grande quantité d’assiettes, de plats, de verres, certains ébréchés, d’autres comme neufs, mais tous d’une autre époque, celle où nos ancêtres aimaient faire apparaître leurs initiales au fond de leurs assiettes.  L’ombre discrète se pencha, remua quelques plats, cherchant apparemment quelque chose. En vain. L’ombre se retourna et disparut aussi vite qu’elle était apparue…

Kotoko commença à comprendre ce qui se passait. Il avait remarqué que l’ombre n’avait pas été gênée par les feuilles de la vigne vierge. Que les panneaux indicateurs illisibles n’avaient pas dérangé sa marche. Et que sur les vitres se trouvaient rassemblés deux mondes : celui de l’intérieur et celui de l’extérieur, provisoirement mélangés le temps d’un reflet.

-        Je suis bien naïf d’avoir pensé qu’un tel fatras aurait pu s’accumuler dans cette pièce ! Ce n’est ni une cave ni un grenier, même si elle tient un peu des deux ! Le reflet sur la face extérieure de la vitre, celui des panneaux indicateurs, de la vigne vierge,  se mélange au contenu éclairé de la pièce. C’est aussi simple que cela ! Et c’est beau. J’ai ainsi pu rêver que de vieilles assiettes dormaient sous un feuillage verdoyant en imaginant des voyages vers les Monts damnés, destination indiquée par l’un des panneaux.  

Kotoko était ravi. Il se dit que les grilles magiques du parc de Montsouris avaient eu une excellente idée en l’expédiant à Verdigny dans le Cher, au milieu des vignes, en pleine campagne. Il sauta prestement du rebord de la fenêtre et courut vers un grand jardin où il se régala de mille insectes tous plus succulents les uns que les autres.

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11:14 Écrit par Jean Julien dans Aventures de Kotoko et autres | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : reflets, fenêtre, verdigny, cher |