01/11/2011
Kotoko sur le Rieu Pourquié
Pour Ewan à l'occasion de ses trois ans.
Kotoko s’ennuyait ferme dans le parc de la Cité universitaire internationale où les perruches vertes l’avaient transporté par les airs voici quelques jours.
Les étudiants qui peuplaient les résidences étaient tout à leurs études. Parfois, ils sortaient de leurs chambres pour se rendre dans les universités parisiennes ou pour courir avec leurs écouteurs vissés sur les oreilles.
Personne ne prêtait attention à notre pauvre hérisson.
Alors, il prit son courage à deux pattes, traversa le boulevard Jourdan au risque de se faire écraser par les voitures et les tramways. Mais il arriva sain et sauf dans le parc de Montsouris et se précipita vers les grilles. Il pointa son petit museau entre les barreaux peints en vert et se sentit aspiré par un énorme courant d’air semblable en tous points à celui qui l’avait expédié en Tunisie.
- Oh là là ! Quelle force dans ce courant d’air ! eut à peine le temps de murmurer Kotoko avant de se poser comme une fleur au milieu d’une forêt de chênes verts aussi dense que sombre.
Tout semblait calme entre les arbres. L’obscurité était profonde. Seul un bruit persistant d’eau qui coule intriguait Kotoko. Il s’en approcha et découvrit un ruisseau en apparence bien inoffensif. Et comme il avait soif, Kotoko se pencha vers l’eau pour se désaltérer.
Il se pencha, se pencha… et plouf, glissa ! Il glissa dans l’onde qui était très fraîche. Et le courant, invisible à la surface, emporta Kotoko qui réussit à maintenir sa tête hors de l’eau et trouva un gros morceau de bois auquel il put s’accrocher et ainsi flotter.
Et commença une descente dont notre hérisson se souviendra longtemps. Car Kotoko flottait sur les eaux du Rieu Pourquié qui coule dans le Haut-Languedoc. Et le Rieu Pourquié descend des montagnes vers la vallée aussi vite qu’un skieur. Ses eaux glissent entre les rochers, s’engouffrent sous les ponts, prennent des virages acrobatiques. Kotoko avait peur mais il aimait cette glissade sans fin.
On ne voit pas Kotoko car il est passé trop vite...
La glissade, pourtant, se termina. Kotoko avait accroché quelques roseaux à ses épines, quelques feuilles de fougères aussi. Mais il s’en était sorti sans égratignures. Et lorsque le Rieu Pourquié rejoignit l’Orb, le fleuve qui court vers la mer Méditerranée à travers le Languedoc, Kotoko se sentit rassuré. Il gagnerait bientôt un bourg et pourrait sortir de l’eau. C’est ce qu’il fit à Colombières. Vite il s’engouffra sous un fourré et entreprit de se sécher. A peine sec, il s’endormit, épuisé par la descente sur les eaux du torrent. Epuisé comme les enfants quand ils ont beaucoup joué.
Le Mont Caroux au pied duquel coule l'Orb, Haut-Languedoc
19:44 Écrit par Jean Julien dans Aventures de Kotoko et autres | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : languedoc, rieu pourquie, orb |