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14/08/2011

Le train disparu

Quand Kotoko se réveilla sous les grands arbres du parc Montsouris, il crut avoir rêvé qu’un train était passé sous le parc pendant la nuit. Il se souvenait du bruit haletant de la locomotive à vapeur et du grincement des wagons qu’elle tirait.

Pour tirer au clair ce vague souvenir, Kotoko décida d’explorer les allées du grand parc, de se faufiler sous les arbres à la recherche du train mystérieux. Soudain, il découvrit un tunnel qui débouchait sur une profonde tranchée.  Les versants de la tranchée étaient envahis par de petits et de grands arbres qui encombraient le passage. Mais Kotoko, grâce à sa petite taille, réussit à se frayer un chemin dans cette jungle et à descendre jusqu’à la voie ferrée couverte de rouille. Lorsqu’il pénétra sous le tunnel, la végétation disparut et Kotoko vit nettement la voie de chemin de fer s’enfoncer dans l’obscurité avec ses deux rails bien parallèles. Les traverses en bois qui maintiennent  à égale distance les deux rails étaient couvertes de mousse et parfois fendues.

 

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La "petite ceinture" dans sa traversée du parc Montsouris

En voyant la rouille qui rougissait les rails, Kotoko se dit qu’aucun train n’avait emprunté ce passage depuis bien longtemps. Et il se hasarda sous le tunnel ouvrant tout grand ses petits yeux de hérisson très myope.

Au bout de quelques mètres, il sentit une vibration se propager sur la voie. Tout d’abord à peine perceptible, elle devint de plus en plus forte et s’accompagna du bruit très net d’une machine à vapeur lancée à grande vitesse. Et c’est alors que Kotoko aperçut une lumière dans l’obscurité du tunnel, celle d’un gros œil unique lançant ses rayons avec force. Le bruit devint assourdissant et Kotoko eut à peine le temps de se mettre en boule au milieu de la voie avant que le train ne passe au-dessus de lui dans un fracas infernal.

« Je n’ai donc pas rêvé, se dit Kotoko. Il y a bien des trains qui traversent le parc Montsouris. »

Quand le convoi se fut éloigné, notre hérisson se redressa et secoua la suie qui avait recouvert ses épines, la suie du charbon qui brûle dans la chaudière d’une machine à vapeur. Il remonta vers le parc et se retrouva museau contre museau avec Marotte, la chatte qui vit comme Kotoko sous les arbres de Montsouris.

« Tu sais, Marotte, j’ai vu le train dont j’avais rêvé la nuit dernière. Il est même passé au-dessus de moi. Regarde, il y a encore quelques grains de suie sur mes épines. »

Marotte regarda Kotoko avec étonnement. « Kotoko, je pense que tu me racontes des histoires. Il y a bien longtemps qu’aucun train n’emprunte plus la petite ceinture comme on appelle cette voie ferrée qui fait tout le tour de Paris. »

Kotoko eut un doute.  Il avait un souvenir très précis du train sous le tunnel. Mais l’avait-il réellement vu et entendu ?  Ou bien ne s’agissait-il que d’un effet de son imagination un peu trop fertile ?  La suie retrouvée sur ses épines n’était-elle pas tombée de la voûte du tunnel ? Et non pas de la chaudière brûlante de la locomotive ?

« Après tout, peu importe, se dit Kotoko. Ce train fantôme est dans ma mémoire. Il a sans doute voulu m’étonner, moi le hérisson du Ghana en visite à Paris, le Kotoko qui n’avait jamais vu de locomotive à vapeur. Et il a réussi à m’impressionner. C’est cela qui compte. » 

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Post scriptum : Pour les esprits curieux, j'ajoute que la parc Montsouris est traversé par deux voie ferrées. Celle de la petite ceinture que Kotoko a explorée. Et celle du RER (réseau express régional) sillonnée par des rames à traction électrique. Les deux lignes se croisent dans le parc. Kotoko a sans doute rêvé de cette machine à vapeur mais il a bien entendu des trains traverser le parc...