29/05/2013
Faut-il réchauffer les martinets ou supprimer les pesticides ?
Vous connaissez tous les martinets, ces merveilleux oiseaux qui dès le printemps venu inondent de leurs appels stridents nos cours et nos jardins. A Paris je n'ai perçu qu'un ou deux sifflements de ces frégates du ciel. Dans l'Herault où je séjourne depuis une dizaine de jours, ils sont inaudibles. Que se passe-t-il ?
Les conditions météorologiques pourraient expliquer ce phénomène. Selon Le Midi-Libre du 27 mai 2013, des dizaines de martinets agonisent et meurent dans les rues de Limoux dans l'Aude. Il y aurait tellement d'humidité accumulée que moustiques et insectes dont se nourissent ces oiseaux resteraient collés à la végétation. Les martinets seraient ainsi privés des proies qu'ils happent en vol. L'auteur de l'article recommande de prendre les plus faibles entre les mains et de les jeter d'une hauteur (pont, étage d'un immeuble) pour qu'ils puissent repartir en planant. A condition qu'ils aient la force de tenir en l'air...
L'humidité est-elle seule en cause ? Les pesticides abondamment utilisés dans les vignes n'y sont-ils pour rien ?
Je reprends cette publication le 7 juin et cette fois les martinets sont bien présents dans le ciel de Lamalou. Ils sont très nombreux au-dessus de l'Orb, l'un des fleuves côtiers du département. Beaucoup ont donc survécu aux mauvaises conditions météorologiques de ce printemps et survivront cet été malgé l'abondance des pesticides dans les vignes. Observer leur vol est un vrai plaisir dont je ne me lasse pas depuis mon enfance.
15:24 Écrit par Jean Julien dans Écouter, regarder, écrire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : martinets, aude, herault, pesticides |
13/05/2013
La parlure, la taisure, l'Afrique, l'Europe...
Je reprends ici des passages d’un entretien entre des journalistes du Nouvel-Observateur (n° 2531 du 9 mai 2013) et Henning Mankel, auteur suédois qui vit la moitié de l’année au Mozambique. Il a écrit de nombreux romans policiers dont le personnage central est l’inspecteur Wallander. Au-delà de ses intrigues toujours passionnantes, Mankel sait dépeindre son pays, la Suède, avec beaucoup de finesse. J’ai eu envie de vous proposer quelques-unes des idées qu’il développe dans cet entretien car elles résonnent positivement dans ma cervelle et méritent qu’on les médite.
Je reprends donc ci-dessous les propos de Mankell :
(Début de citation) « L’éducation
Je me perçois comme un enfant des Lumières, ce cadeau de la France au reste du monde. Je vis dans la tradition de Diderot et de l’Encyclopédie. Les philosophes des Lumières cherchaient à propager le savoir pour que les gens se comportent d’une manière plus rationnelle. C’est ce que je crois : le savoir est la clé de tout et fait du monde un endroit où il fait mieux vivre.
Un Suédois en Afrique
J’ai toujours eu le sentiment de voir le monde de l’intérieur parce que c’est la place que je me suis donnée. Pourquoi tant de gens ont-ils le sentiment d’être des marginaux ? Parce qu’ils n’apprennent pas à écouter. La seule manière de s’intégrer est d’écouter les autres au lieu de parler sans cesse de soi-même. L’Europe, à la différence de l’Afrique, est devenue un continent de bavards : nous parlons tant et nous écoutons si peu…
Homo sapiens/Homo narrans
Pour qu’une histoire existe, il faut deux personnes : un narrateur et un auditeur. Je suis très souvent dans le rôle du narrateur, mais je suis également une bonne oreille, et c’est aussi là que les récits prennent leur source. L’être humain appartient à la seule espèce vivante qui possède cette capacité : il peut vous raconter ses peurs, ses rêves et vous pouvez lui raconter les vôtres en retour. C’est ce qui fait de nous des êtres humains, peut-être plus des « Homo narrans » que des Homo sapiens.
Etre curieux des autres
C’est l’un de nos traits de caractère : nous sommes curieux et nous savons prendre des risques. Nous avons envie de découvrir ce qui se trouve de l’autre côté de la montagne. La plupart des animaux préfèrent rester dans un endroit unique et familier. Pas nous et c’est ce qui différencie l’être humain des animaux.
L’Europe, l’Afrique
L’Afrique m’a donné un regard plus lucide sur l’Europe. Je peux désormais voir avec davantage de recul ce qui va bien sur notre continent, notamment en ce qui concerne notre système politique qui est le meilleur au monde. Je n’en connais pas qui le surpasse même s’il est toujours fragile. Parallèlement, le recul me permet aussi de mieux cerner les problèmes. C’est pour cela que je dis que l’Afrique a fait de moi un meilleur Européen. »
Fin de citation
Écouter pour mieux raconter ensuite. La taisure et la parlure, comme dit Catherine Lepron. La taisure, la période de silence au cours de laquelle s’accumule la matière et qui précède celle de l’expression, la parlure. Et aussi savoir s’éloigner pour mieux comprendre, mieux "voir" notre environnement le plus proche. Ce silence et ce recul sont indispensables dans tout travail de création. C’est ce que je voulais expliquer à ceux qui me demandent pourquoi j’écris peu en ce moment.
09:43 Écrit par Jean Julien dans Écouter, regarder, écrire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, création, mankell, suède, afrique, europe, lumières |