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08/02/2018

La ruée vers l'europe

Je reprends ici le titre du dernier ouvrage de Stephen Smith publié chez Grasset. Ceux qui écoutaient RFI (Radio France Internationale) sur les ondes courtes dans les années 1980/90 connaissent bien ce nom. Smith était journaliste sur cette antenne très écoutée en Afrique, francophone surtout. 

Smith envisage une ruée vers l'Europe sous l'effet de la très forte poussée démographique que va connaître l'Afrique d'ici à 2050. En 2018, ce continent compte 1,3 milliard d'habitants (150 millions en 1930...). 2,5 milliards en 2050. Aujourd'hui entre 40 et 45 % de la population a moins de 15 ans. 

Selon Smith, la ruée vers l'Europe pourrait suivre plusieurs scénarios."l'Eurafrique heureuse", une sorte de miracle de la Pentecôte où toutes les langues étrangères se mêleraient dans une communion universelle. La dérive politico-mafieuse, c'est à dire la traite des migrants, ce qui provoquerait une réaction populiste au profit de l'extrême droite. L'Europe forteresse derrière un rempart d'argent déjà en construction en Turquie, en Lybie et dans les Etats sahéliens censés fixer les dunes humaines en échange de subventions : cette hypothèse ne serait pas si éloignée du "réflexe colonial" interventionniste dans les pays d'origine. Enfin une combinatoire de ces scénarios pour tenir sans excès n'est pas impossible. 

Le défi est énorme. Selon Smith, il ne peut être relevé que par une Europe ni bornée ni borgne. Les bornés sont obsédés par la frontière qu'ils voient en barrière baissée sans comprendre que c'est un espace de négociation du passage, surtout entre voisins dont le sort est lié. Les borgnes ressemblent au Cyclope de la légende, ils se prennent pour des géants moraux mais ne voient rien, ni l'Ulysse qui se joue d'eux ni les conséquences dramatiques  - les tensions, les malheurs - qui résultent de leur manque de vigilance. "Il me semble que la lucidité gagne du terrain, dit Smith, en France notamment avec le recul du Front National". Mais il y a toujours une Europe qui a peur de perdre son "âme" et une autre qui veut à tout prix prouver qu'elle en a une. Il faut éviter autant l'irénisme humanitaire que l'égoïsme nationaliste. 

Ces propos que je reprends du Figaro (07/02/2018) et du JDD (04/02/2018) m'ont beaucoup éclairé ainsi qu'un entretien donné au Point du 02/02/2018. Si je comprenais bien la posture de l’extrême droite par rapport aux migrants, j'avais plus de mal à comprendre pourquoi maints journalistes, surtout du service public audio et visuel et d'Arte, étaient en janvier dernier intarissables sur les"migrants/réfugiés/demandeurs d'asiles/émigrés/immigrés" (le vocabulaire est flou comme leur pensée) se gargarisant de Calais, de quelques couvertures prétendument "volées" par d'affreux policiers, etc, etc... Tous les jours, dans tous les bulletins d'information, on y avait droit. Jusqu'à ce que l'actualité détrône ce sujet qui est maintenant passé aux oubliettes journalistiques : un migrant ne pèse pas lourd face à la neige en Île-de-France... Les journalistes en mal de sujet (ils ne manquent pas pourtant les sujets quand on ouvre un peu sa fenêtre sur le monde et qu'on arrête de se regarder le nombril) veulent montrer leur surplus d'âme et de compassion... Ils sont dans la posture. Cela fait bien dans le tableau. Ils parlent mais que font-ils concrètement pour aider ces "déplacés" ? Encore un nom que j'avais oublié !

09:04 Écrit par Jean Julien dans Billets d'humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrants, journalistes |

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