13/02/2014
Louis Bredeloux et la guerre 14-18
Louis Bredeloux (né en 1892), le frère aîné de mon grand-père maternel Alfred, est incorporé le 8 octobre 1913 au 137ème régiment d’infanterie à Fontenay-le Comte en Vendée (85) en tant que soldat de 2ème classe, pour son service militaire.
Le 6 août 1914, le régiment quitte Fontenay-le-Comte pour le front (la France déclare la guerre à l’Allemagne le 2 août). Il rejoint les Ardennes où il est débarqué le 7 et traverse la Meuse à pied afin de rejoindre la Belgique.
C’est en Belgique, à Maissin dans la région de Givet, que le 137° RI connait le baptême du feu et ses premiers tués le 21 août (Bataille des Ardennes).
Devant la poussée allemande, l’armée française se replie et le 137° revient sur la Meuse (Bataille de La Meuse 23 août – 6 septembre 1914). C’est à la ferme de Saint-Quentin, au bois de la Marfée au sud de Sedan, que le 137° va accomplir l’exploit de capturer le colonel commandant le 24° régiment d’infanterie allemande ainsi que le drapeau du 68° régiment de réserve de la Landwehr dont le 24° est dépositaire. Cette action d’éclat vaudra au 137° RI d’être décoré de la Légion d’Honneur. Louis Bredeloux devient caporal le 1er septembre 1914.
Le repli des armées françaises continue jusque sur la Marne.
Le 137° RI, après la bataille des frontières, se retrouve sur la Marne à Normée (Bataille de la Marne du 6 au 14 septembre 1914). Il contribue à l’arrêt de l’armée allemande dans la région de Fère-Champenoise et la poursuit au-delà de Châlons-sur-Marne.
La zone des combats au sud de Châlons-sur-Marne
Fin septembre, le 137° se retrouve dans la Somme dans la région d’Albert et combat au village de La Boisselle (Bataille de Picardie du 27 septembre 1914 au 27 juillet 1915). À partir de cette période, le front va se stabiliser durablement et transformer radicalement la physionomie des combats. Elle devient une guerre de position et d’usure. Le visage et le caractère emblématiques de la première guerre mondiale sur le front de l’Ouest apparaissent à travers la « guerre des tranchées ». Cette situation ne sera débloquée que lors des offensives allemandes de juillet 1918.
Louis est blessé au-dessous de l’œil gauche le 14 novembre 1914 à Beaumont-Hamel. Il devient sergent le 16 novembre 1914.
Le 137° va passer tout l’hiver 1914-15 dans les conditions terribles des tranchées devant la ferme de Toutvent, entre Hébuterne et Serre (Pas-de-Calais).
Alfred Bredeloux, le frère cadet de Louis, arrive sur le même front fin 1914 et se trouve dans les tranchées à la Boisselle près d'Albert au début de 1915, puis aux tranchées à Mailly-Maillet et à Hébuterne dans les secteurs de la ferme de Lassigny et de l'Arbre-en-Boule à 1 kilomètre au sud de la ferme de Toutvent où se trouve son frère. Se sont-ils vus ? Ont-ils pu communiquer ? Alfred est blessé à la cuisse droite par des éclats d'obus à Hébuterne le 12 juin 1915. Il quitte le front pour l’hôpital de Brest.
J'indique ci-dessus Beaumont-Hamel où Louis a été blessé. On voit aussi la proximité des fermes de Toutvent et de Lassigny où Louis et Alfred combattaient.
En juin 1915, le 137° va lui aussi participer à l’attaque d’Hébuterne où les allemands ont installé de puissantes lignes de tranchées fortifiées depuis la fin de l’année 1914. Le 137° RI va enlever successivement deux lignes de tranchées ennemies et faire de nombreux prisonniers sous des tirs d’artillerie particulièrement violents.
Louis est cité à l’ordre de son régiment le 7 juin 1915 « Par son courage et sa fermeté a maintenu sa demi-section dans un boyau pris d’enfilade par l’artillerie ennemie. A entraîné ses hommes à l’attaque. A fait toute la campagne du 7 juin 1915 à Toutvent.»
27 juillet – 15 août – Retrait du front (relève par l'armée britannique) (3), mouvement vers Belleuse (Somme). Repos et instruction. A partir du 12 août, transport par voie ferrée (V.F.) dans la région de Vitry-le-François (Marne).
15 août – 25 septembre – Mouvement vers le front, et à partir du 21 août, occupation d'un secteur au sud-ouest de la cote 196 vers Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus (Marne) vers la ferme de Beauséjour
Ferme de Beauséjour (Marne) près de laquelle Louis a été blessé au dos.
Louis est blessé le 21 septembre 1915 pour la deuxième fois : il souffre d’une contusion de la région lombaire par enfouissement (probablement sous la terre dans une tranchée). Il est soigné dans un hôpital sans doute près de Châlons-en-Champagne (Marne) vers La Chaussée-sur-Marne (je n’ai pas de document de sa part attestant de ce lieu).
Ci-dessus le recto et le verso d'une carte postale-photo envoyée par Louis à ses parents depuis l'hôpital où il est soigné suite à sa blessure au dos. On le voit assis un peu de travers (en raison de ses douleurs lombaires) au premier rang. Il s'est indiqué par une croix.
Il écrit : "Le 9/10/ (année illisible mais sans doute 1915 après sa blessure au dos du 21 septembre 1915).
Mes chers parents, Je vous envoie la photo dont je vous ai parlé l'autre jour. Ce n'est pas très clair mais aussi elle ne coûte pas cher. Les n° 1 et 2 que j'ai marqués au crayon sont les deux sergents qui sont dans la même salle que moi. Le n° 3 est le docteur qui nous soigne. Les autres hommes sont des blessés aussi et les dames de la compagnie qui soignent et pansent tous les blessés.
Pour moi ça va de mieux en mieux. Je marche déjà plus facilement mais je ne peux encore me redresser. Bien le bonjour aux patrons et aux voisins. Je termine en vous embrassant tendrement. Louis.
Dites moi donc à qui vous laissez (ou louez) l'habitation."
Je poursuivrai cette publication prochainement car Louis a encore 3 ans de combats devant lui.
Sources : Registre matricule de Louis Bredeloux numérisé par les Archives départementales de Loire-Atlantique
Histoire du 137ème régiment d'infanterie sur Wilkipédia
Histoire de la 21ème Division d'infanterie saisie par André Charbonnier
12:12 Écrit par Jean Julien dans Alfred, André, Julien, Louis et Marcel dans la Pre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : louis bredeloux, guerre 14-18, somme, marne |
Commentaires
J'aime bien le souci d'économie de Louis, l'image n'est pas très claire mais elle n'est pas chère, comme s'il voulait rassurer ses parents de ne pas faire une folie, car ses parents lui ont appris à ne pas faire de dépenses inutiles. Il pense aux autres, à ses camarades au personel soignant, lui, compte peu. Il va bien. Pas un mot sur la Guerre. C'était cela l' héroisme des Poilus, ils se donnaient à la Patrie corps et âme, eux, ils s'oubliaient.
En ce moment il y a une exposition à l'Hotel de Ville à Paris sur "Les fusillés pour exemple" Je vous la conseille.
Écrit par : Lidia | 15/02/2014
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