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03/11/2012

Le crocodile de Montsouris

Il était là sur le rivage de la petite île : le crocodile, immobile. Les promeneurs du parc de Montsouris connaissaient bien sa silhouette familière car elle ponctuait leurs promenades depuis longtemps. Si longtemps que certains ne voyaient même plus l’animal bien installé au pied de grands bambous. Le crocodile de Montsouris surveillait les familles de canards qui nageaient sur le lac, les troupeaux de carpes qui hantaient ses eaux troubles. Ses préférés étaient les poissons rouges que des enfants sages avaient libérés de leurs bocaux en les renversant dans le lac.

 

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Le crocodile du parc de Montsouris sur son île

 

Le crocodile était prisonnier de son île. Nul n’avait jamais songé à lui faire faire un tour dans le parc de Montsouris. Mais un beau matin, le soleil à peine levé, une petite équipe pénétra dans le parc bien décidée à libérer le crocodile de son île-prison. Kotoko, le hérisson du Ghana, conduisait ses camarades. Ils étaient tous là : les perruches du parc, le vieux gecko Charlie et quelques chats qui avaient élu domicile dans les fourrés. Quand ils se trouvèrent en face de l’île sur laquelle vivait le crocodile, ils durent imaginer comment ils allaient traverser le petit bras d’eau qui les séparait de leur protégé. Les perruches proposèrent de soulever dans les airs Kotoko et ses amis. Elles l’avaient déjà fait et notre hérisson avait ainsi voyagé du parc de Montsouris jusqu’à la cité universitaire. Vieux Charlie et les chats refusèrent tout net prétextant un terrible vertige une fois dans les airs.

Il fallut alors confectionner un radeau avec quelques branchages attachés les uns aux autres par des cordes. Kotoko s’improvisa capitaine pour la traversée qui ne devait durer que quelques dizaines de secondes… 30 ou 40 au maximum. Les perruches prirent place sur le radeau aux côtés de Vieux Charlie et des chats, très effrayés par l’eau. Elles auraient pu d’un tir d’aile gagner l’île du crocodile mais elles préféraient accompagner leurs camarades d’aventure sur le radeau.

Une fois sur l’île, la petite troupe s’engagea dans le bois de bambous et se retrouva en face du crocodile toujours aussi immobile. Les perruches, rapides comme le vent,  proposèrent de lui passer quelques cordes sous le ventre pour le soulever de quelques centimètres. Kotoko, Vieux Charlie et les chats pousseraient l’animal vers le radeau. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le crocodile se retrouva légèrement au-dessus du sol et fut dirigé vers le radeau. Tout se passa bien. Le crocodile fut délicatement posé sur les branchages et une fois la petite troupe rassemblée, la traversée vers le parc commença.

Tout à coup, nos amis entendirent un terrible coup de tonnerre. Un orage approchait. De grosses gouttes de pluie commencèrent à mouiller les pelages des chats et à glisser sur les épines de Kotoko. Lorsque le radeau aborda la rive du parc, la petite troupe était trempée. Et quand ils voulurent soulever le crocodile pour le promener, nos amis eurent une énorme surprise.

Le crocodile se cassa en deux ! « Comment cela est-il possible ? » se demanda Kotoko. Il n’eut pas le temps de trouver la réponse que le crocodile se retrouva en quatre morceaux. Tous étaient atterrés : qu’arrivait-il donc à leur ami pour qu’il se casse ainsi ? En l’examinant de plus près, ils constatèrent que le crocodile était en plâtre. Une statue, leur ami n’était qu’une statue qui avait fondu sous l’effet des grosses gouttes de pluie quand elle eut perdu l’abri des grands bambous.

-          Comme c’est dommage, se lamenta Kotoko. Nous étions si heureux de promener le crocodile dans le parc. Qu’allons-nous faire des morceaux de plâtre ? Les coller pour reconstituer la statue ?

-          Non, non, piaillèrent les perruches. Le crocodile ainsi recomposé serait trop fragile. On va jeter les morceaux dans le lac. Ce sera mieux ainsi.

-          D’accord, répondirent les animaux de la troupe.

C’est ainsi que disparut le crocodile du parc de Montsouris. Quand les grilles ouvrirent au public, nos amis avaient déjà jeté les morceaux de plâtre dans le lac. Les promeneurs les plus attentifs remarquèrent que quelque chose avait changé sur l’île. Mais ils étaient incapables de dire quoi. Ils avaient déjà oublié le crocodile immobile.

 

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Kotoko à Amsterdam dans la classe d'Ewan

  

16/04/2012

Le papillon de Pram-Pram

 

Ouagadougou est déjà loin. L’autocar roule à bonne allure. Kotoko a décidé de rentrer confortablement dans son pays natal, le Ghana, et a acheté un billet Ouagadougou – Accra aux guichets de  la compagnie de transport « Diplomat » (en anglais) qui assure le trajet entre les deux capitales. Oubliés le dos de la cigogne, les taxis-brousse brinquebalants et la charrette de « L’âne », adieu les nuages de poussière, désormais Kotoko voyage au frais dans un grand autocar climatisé. Les grands voyageurs savent qu’à l’issue d’un périple de plusieurs milliers de kilomètres par la route, ce sont les derniers kilomètres qui paraissent les plus longs. La hâte d’arriver à bon port grandit, l’impatience de revoir ses proches également.

 

Paga, Tamale, Kumasi et enfin Accra, le terminus de l’autocar « Diplomat ». Kotoko reconnaît à peine la grande ville qui se transforme sans cesse. Les immeubles sortent de terre aussi vite qu’une taupe de son trou. Les boulevards s’élargissent. Le tohu-bohu des milliers de voitures qui encombrent Accra n’enchante guère Kotoko qui se dépêche de rallier Tema, le grand port de commerce situé à quelques kilomètres à l’est de la capitale. Là, l’air est plus frais, parfois traversé d’une odeur de poisson qui sèche, mais respirable. Kotoko se précipite chez son ami Charlie, le vieux gecko qu’il a connu voici bien des années.

 

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Charlie, le vieux gecko

 

-        Bonjour Charlie ! Comment vas-tu ? Je suis enfin de retour d’Europe. J’ai tant de choses à te raconter…

-        Bonjour Kotoko. Je te sens bien fatigué. Tu as parcouru tant de kilomètres. Tu dois avoir la cervelle pleine de souvenirs. Sache qu’ici, rien n’a beaucoup changé. Certes les enfants ont grandi et ne reviennent à la maison que pour les vacances scolaires. Mais mon patron est toujours fidèle à notre petite cour et nous menons tous les deux une vie bien calme. L’âge venant, c’est agréable de prendre son temps !

-        Charlie ! J’ai quelque chose à te demander. Allons tous les deux à Pram-Pram, j’ai envie de revoir la plage où j’ai passé tant de bons moments.

-        D’accord. Prenons la vieille mais vaillante Suzuki que mon maître a réparée. Elle nous conduira bien jusqu’à Pram-Pram !            IMG_3807.JPG

 

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Le port de pêche de Tema

 

Après un rapide détour par le port de pêche de Tema, Charlie et Kotoko empruntent la grand’ route qui file jusqu’à Lomé au Togo. Après quelques kilomètres, ils tournent à droite et aboutissent sur la plage de Pram-Pram où les pirogues attendent de prendre la mer.

 

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Les pirogues de pêche de Pram-Pram

 

-        Ah ! Mon cher Charlie ! Comme nous sommes bien, ici, au bord de l’océan. La brise souffle dans les grands cocotiers. Les embruns nous rafraîchissent.

-        Kotoko, que dirais-tu d’un bon poisson grillé ?

-        Merci Charlie. Quelques sauterelles et quelques mouches me suffiront. Je suis un insectivore incorrigible ! Même si de temps en temps je m’offre un escargot.

 Nos deux amis devisent en flânant sur la plage lorsque Kotoko retrouve un de ses vieux amis : le papillon de Pram-Pram, Butterfly.

 

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Détail d'une tapisserie de Roger Bezombes, fondation Lucien Paye, Cité universitaire internationale, Paris

 

-        Papillon ! Papillon ! dit Kotoko à l’adresse de son ami ailé.

-        Kotoko ! Tu es de retour ! Je pensais ne jamais te revoir ! Tu ne donnes jamais de nouvelles.

-        Comment aurais-je pu t’oublier, mon cher papillon, mon cher Butterfly ? Toi qui me pris sur tes ailes et  me promenas dans les airs pour la première fois !

Nos trois amis, Charlie le gecko, Kotoko le hérisson, et Butterfly le papillon, s’embrassent avant de partir fêter leurs retrouvailles.