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13/01/2014

1914

Je vous souhaite à tous, fidèles lecteurs, une excellente année 2014. Je ne fus pas très prolixe en 2013. J'espère que cette année je pourrai vous soumettre des nouveautés régulièrement.

Les plus observateurs auront remarqué le titre de cette publication, 1914. Il ne s'agit pas d'une erreur de ma part. Au cours de cette année 2014 qui marque le centenaire de la première guerre mondiale, je vais vous présenter deux membres de ma famille qui ont été mobilisés à cette occasion. Et quel fut leur itinéraire pendant ces quatre années.

Alfred Bredeloux 1916 - Copie.jpg

Mon grand-père maternel Alfred Bredeloux qui  a combattu sur les fronts de la Somme, à Verdun et au Chemin des Dames avant de s'engager dans l'aviation. Alfred est décédé au début des années 1970.

Louis Bredeloux, guerre 1914-1918.jpg

Et son frère, Louis Bredeloux, sous-lieutenant, décédé au Chemin des Dames le 17 septembre 1918. Il avait été auparavant blessé et avait regagné le front après un séjour dans un hôpital militaire.

Je donnerai des informations sur ce que fut le parcours de ces deux hommes au fur et à mesure que je les collecterai. J'en possède quelques-unes au sujet de mon grand-père Alfred. Mais concernant Louis, je dois effectuer des recherches. Personne dans ma famille n'a su me dire où il est enterré. Il semble que ce sujet n'ait même jamais été abordé par son frère Alfred et ses proches. Les anciens combattants de 14-18 parlaient peu de ce qu'ils avaient vécu.

Je souhaite ainsi honorer la mémoire de ces deux hommes et la sauver d'un oubli total. Ils ne furent ni l'un ni l'autre des héros. Mais ils ont comme tant d'autres, des millions, sacrifié leur vie ou quatre année de leur vie pour leur pays. Mon grand-père Alfred était sur ce sujet d'une modestie totale : il ne m'a jamais parlé de ses années de combat qu'il voulait peut-être lui-même oublier ou occulter. Quand j'ai étudié la première guerre mondiale durant mon année de terminale, je n'ai pas eu l'idée de lui demander de me faire part de son expérience. Je n'ai jamais fait le rapprochement entre les événements historiques que le professeur d'histoire me présentait et que je devais mémoriser et l'expérience vécue par mon grand-père. Le professeur n'a jamais eu l'idée d'inviter un ancien combattant pour nous décrire ce que furent ces quatre années pour lui.

Mon cas est loin d'être unique, je le sais parfaitement. Nous sommes très nombreux à avoir eu des membres de nos famille engagés en 14-18. Grâce à mon blog, je souhaite sortir de l'ombre ce grand-père que j'ai bien connu et son frère dont il n'était que très rarement question.   

14/08/2013

Simon Hantaï au Centre Pompidou

Je recommande à tous ceux qui aiment la peinture de la deuxième moitié du vingtième siècle et qui se trouvent à Paris, de se rendre au Centre Pompidou pour visiter la très belle exposition consacrée à Simon Hantaï (1922-2008). Vous y verrez des tableaux magnifiques animés de couleurs resplendissantes. Attention, l'exposition se termine le 2 septembre 2013.

 

Simon Hantaï  Tabula 1980.jpg

Tabula 1980 (300 X 400 cm)

 

 

19:31 Écrit par Jean Julien dans Écouter, regarder, écrire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : simon hantaï, peinture |

13/07/2013

Espérance de vie : laquelle ?

Je reprends un courrier des lecteurs du Nouvel-Observateur qui me semble bien poser la problématique du grand âge à notre époque, avec le brin d'humour qui s'impose.

Début de citation :

« Espérance de vie : laquelle ?

Conséquence des progrès médicaux, sanitaires, alimentaires, notre espérance de vie s'accroît de mois en mois chaque année, paraît-il. Économistes et gouvernants en déduisent qu'il nous faut travailler plus longtemps. Mais à quel moment de notre vie s'ajoutent ces 3 mois annuels ? Par un progrès scientifique inédit, l'humanité aurait-elle gagné du temps sur le temps ? Sexagénaires et septuagénaires, nos années de vie comporteraient-elles 15 mois, vivrions-nous 455 jours par an durant cette tranche de vie ? Et travaillant un peu plus, nous aurions encore de vertes années devant nous.

Non, cet allongement de l'espérance de vie se fait à l'autre bout. On gagne des années de déambulateur, des années de fauteuil roulant, puis grabataires et petites tapes affectives sur les mains. Et à rallonger sans cesse le temps travaillé, on pourra réécrire l'énigme du Sphinx : »Quel est l'animal qui passe sa vie dans la dépendance ? L'homme : dépendant des parents, puis du patron, puis des enfants. » Alors, messieurs les savants, puisque vous pouvez rallonger les années en bonne santé, arrêtez le progrès, et si vous le pouvez, faites un progrès juridique en libéralisant l'euthanasie, afin que nous puissions partir la tête encore haute avant de n'être plus qu'un légume... même pas bio.

Christian Ricaud »

Fin de citation.

Courrier des lecteurs du Nouvel-Observateur du 4 juillet 2013

15:08 Écrit par Jean Julien dans Billets d'humeur | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : espérance de vie, vieillesse, euthanasie |

08/06/2013

Il pleut sur Lamalou

Le bavardage infatigable des curistes des thermes de Lamalou, à propos du temps, m'exaspère. Il en va de même avec les commerçants qui se croient obligés d'aller dans le sens de leurs clients.

Je sais qu'il s'agit d'une forme de communication sociale. Quand on aborde un inconnu, le temps qu'il fait constitue un sujet neutre.

Cependant, les commentaires sur le temps m'exaspèrent car ils vont toujours dans le même sens : dommage, il pleut, merveilleux il fait beau, le soleil brille de tous ses feux.

Jean-Claude Carrière dans "Le vin bourru" (Plon, 2000), ouvrage consacré à Colombières-sur-Orb entre 1930 et 1945, son village natal, à quelques kilomètres de Lamalou, exprime la même réaction. Je le cite (page 98) :

"...Où que je me trouve dans le monde, j'ai gardé pour la pluie un amour sans partage. Elle me tombe toujours dessus, où que je sois, comme un cadeau. Je m'irrite facilement devant le sourire niais de ceux et de celles qui nous annoncent, à la télévision, le temps prévu. Voici la minute imbécile. Tout le pays tire la langue et on nous dit : "Encore une belle journée ensoleillée, demain", ou bien, l'oeil attristé : "Hélas, quelques averses sont à craindre...".

Craindre des averses ? Je ne comprends pas. Il faudrait annoncer exactement l'inverse, affirmer que le beau temps c'est la pluie, et pas seulement pour l'agriculture, pour l'industrie, pour l'air que nous respirons, pour notre santé, pour tout. Les grandes nations sont faites de pluie. Mais apparemment le culte du soleil sévit encore sous des formes modernes et la "météo" ne s'adresse qu'à des adeptes aveuglés."

Fin de citation.

Je partage entièrement la réaction de Monsieur Carrière. J'ai vécu en Afrique de l'Ouest, dans le Sahara mauritanien, en Tunisie, à Madagascar. J'ai connu une sécheresse telle que le moindre tesson de bouteille enflammait la brousse ghanéenne en 1983. Mais quand j'essaie d'expliquer à un interlocuteur "météopathe" que la pluie a aussi du bon, il me regarde comme un extra-terrestre et s'éloigne un peu du "fada" qu'il voit en moi ...

Il vaut mieux parler comme tout le monde. Dans notre époque d'un conformisme extrême, préférer la pluie (modérément) au soleil (modérément) est perçu comme une originalité difficilement compréhensible. Et il ne s'agit que d'un exemple qui ne prête à aucune conséquence ! Heureusement pour moi !

PS : je remercie Eric Morisset d'avoir trouvé l'ouvrage de Jean-Claude Carrière chez un bouquiniste de Bourges et de me l'avoir fait connaître.

 

PS : J'ajoute quelques lignes suite aux commentaires que j'ai reçus et qui figurent un peu plus bas.

1. Parler du temps n'empêche nullement les curistes de Lamalou et d'ailleurs de parler aussi de leur santé et abondamment.

2. Je ne conteste pas le rôle social du discours sur la pluie et le beau temps. Quand on n'a rien à se dire, c'est pratique. Se taire est une autre solution, reposante pour les oreilles des voisins.

3. Ce que je conteste dans le discours météorologique, c'est qu'il est exclusivement orienté vers la présence du soleil. "du beau temps". Sans lui, point d'espoir. Je ne conteste pas du tout l'influence bénéfique de la lumière solaire sur notre organisme et notre esprit. Mais je peux assurer qu'au bout de 4 ou 6 ou 8 mois de soleil ininterrompu comme cela peut-être le cas dans le Sahara, les nuages et la pluie sont attendus avec ferveur ! On veut nous faire croire qu'on est heureux parce qu'on est exposé au soleil. Le bonheur ne vient pas de l'extérieur, mais de nous, de notre intériorité. Je concède qu'un rayon de soleil en plein hiver ou une belle lumière méditerranéenne procurent du plaisir. Du plaisir oui. Mais du bonheur ?

 

 

 

 

  

29/05/2013

Faut-il réchauffer les martinets ou supprimer les pesticides ?

Vous connaissez tous les martinets, ces merveilleux oiseaux qui dès le printemps venu inondent de leurs appels stridents nos cours et nos jardins. A Paris je n'ai perçu qu'un ou deux sifflements de ces frégates du ciel. Dans l'Herault où je séjourne depuis une dizaine de jours, ils sont inaudibles. Que se passe-t-il ?

Les conditions météorologiques pourraient expliquer ce phénomène. Selon Le Midi-Libre du 27 mai 2013, des dizaines de martinets agonisent et meurent dans les rues de Limoux dans l'Aude. Il y aurait tellement d'humidité accumulée que moustiques et insectes dont se nourissent ces oiseaux resteraient collés à la végétation. Les martinets seraient ainsi privés des proies qu'ils happent en vol. L'auteur de l'article recommande de prendre les plus faibles entre les mains et de les jeter d'une hauteur (pont, étage d'un immeuble) pour qu'ils puissent repartir en planant. A condition qu'ils aient la force de tenir en l'air... 

L'humidité est-elle seule en cause ? Les pesticides abondamment utilisés dans les vignes n'y sont-ils pour rien ?

Je reprends cette publication le 7 juin et cette fois les martinets sont bien présents dans le ciel de Lamalou. Ils sont très nombreux au-dessus de l'Orb, l'un des fleuves côtiers du département. Beaucoup ont donc survécu aux mauvaises conditions météorologiques de ce printemps et survivront cet été malgé l'abondance des pesticides dans les vignes. Observer leur vol est un vrai plaisir dont je ne me lasse pas depuis mon enfance.

 

15:24 Écrit par Jean Julien dans Écouter, regarder, écrire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : martinets, aude, herault, pesticides |

13/05/2013

La parlure, la taisure, l'Afrique, l'Europe...

 

Je reprends ici des passages d’un entretien entre des journalistes du Nouvel-Observateur (n° 2531 du 9 mai 2013) et Henning Mankel, auteur suédois qui vit la moitié de l’année au Mozambique. Il a écrit de nombreux romans policiers dont le personnage central est l’inspecteur Wallander. Au-delà de ses intrigues toujours passionnantes, Mankel sait dépeindre son pays, la Suède, avec beaucoup de finesse. J’ai eu envie de vous proposer quelques-unes des idées qu’il développe dans cet entretien car elles résonnent positivement dans ma cervelle et méritent qu’on les médite.

Je reprends donc ci-dessous les propos de Mankell :

(Début de citation) « L’éducation

Je me perçois comme un enfant des Lumières, ce cadeau de la France au reste du monde. Je vis dans la tradition de Diderot et de l’Encyclopédie. Les philosophes des Lumières cherchaient à propager le savoir pour que les gens se comportent d’une manière plus rationnelle. C’est ce que je crois : le savoir est la clé de tout et fait du monde un endroit où il fait mieux vivre.

Un Suédois en Afrique

J’ai toujours eu le sentiment de voir le monde de l’intérieur parce que c’est la place que je me suis donnée. Pourquoi tant de gens ont-ils le sentiment d’être des marginaux ? Parce qu’ils n’apprennent pas à écouter. La seule manière de s’intégrer est d’écouter les autres au lieu de parler sans cesse de soi-même. L’Europe, à la différence de l’Afrique, est devenue un continent de bavards : nous parlons tant et nous écoutons si peu…

Homo sapiens/Homo narrans

Pour qu’une histoire existe, il faut deux personnes : un narrateur et un auditeur. Je suis très souvent dans le rôle du narrateur, mais je suis également une bonne oreille, et c’est aussi là que les récits prennent leur source. L’être humain appartient à la seule espèce vivante qui possède cette capacité : il peut vous raconter ses peurs, ses rêves et vous pouvez lui raconter les vôtres en retour. C’est ce qui fait de nous des êtres humains, peut-être plus des « Homo narrans » que des Homo sapiens.

Etre curieux des autres

C’est l’un de nos traits de caractère : nous sommes curieux et nous savons prendre des risques. Nous avons envie de découvrir ce qui se trouve de l’autre côté de la montagne. La plupart des animaux préfèrent rester dans un endroit  unique et familier. Pas nous et c’est ce qui différencie l’être humain des animaux.

L’Europe, l’Afrique

L’Afrique m’a donné un regard plus lucide sur l’Europe. Je peux désormais voir avec davantage de recul ce qui va bien sur notre continent, notamment en ce qui concerne notre système politique qui est le meilleur au monde. Je n’en connais pas qui le surpasse même s’il est toujours fragile. Parallèlement, le recul me permet aussi de mieux cerner les problèmes. C’est pour cela que je dis que l’Afrique a fait de moi un meilleur Européen. »

 

Fin de citation

Écouter pour mieux raconter ensuite. La taisure et la parlure, comme dit Catherine Lepron. La taisure, la période de silence au cours de laquelle s’accumule la matière et qui précède celle de l’expression, la parlure. Et aussi savoir s’éloigner pour mieux comprendre, mieux "voir" notre environnement le plus proche. Ce silence et ce recul sont indispensables dans tout travail de création. C’est ce que je voulais expliquer à ceux qui me demandent pourquoi j’écris peu en ce moment.

 

 

 

 

14/04/2013

Durbar d'un chef Nzema au Ghana

 

Les photos que je publie ont été prises au début des années 1980 à Atuabo, sur la côte à l’ouest du Ghana, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Kwame Nkrumah, premier président du pays, était originaire de cette région. Il y est enterré.

J’avais pu participer à un durbar ou festival d’un chef Nzema, population qui occupe cette partie du Ghana depuis des siècles. Qu’est-ce qu’un durbar ? L’origine du mot est incertaine. Peut-être s’agit-il d’un mot indo-persan désignant « a ruler’s court » ou cour d’un chef. Nous rappelant ainsi combien l’Empire colonial britannique était vaste et comment les mots y circulaient. Le Ghana ou Gold-Coast (Côte de l’Or) en faisait partie, bordé par des colonies françaises (l’actuelle Côte d’Ivoire à l’ouest et le Burkina-Faso au nord) et par une colonie allemande à l’est, le Togo, devenue française à la fin de la première guerre mondiale après la défaite des Allemands. Lorsque je travaillais dans ce pays de 1983 à 1985, le souvenir de cette colonisation était encore présent dans la mémoire de quelques vieillards. Les très fréquents séjours de Franz Josef Strauß, alors président de la Bavière et décédé en 1988, ravivaient ce souvenir. Ils  venaient au Togo à l’invitation de feu le général Eyadema, alors président du pays.

Au Ghana, un durbar suscite un vaste rassemblement de population. C’est le plus souvent un rendez-vous annuel. Il a pour but de ressouder les liens entre les membres d’une même communauté et leur chef. Les Britanniques, contrairement aux Français, s’étaient appuyés sur les chefferies traditionnelles pour administrer leurs colonies. C’est ce qu’on appelait « the indirect rule » (le gouvernement indirect). Dans ce pays indépendant depuis 1957, les chefs ont conservé certaines prérogatives au niveau local telle la justice de paix (règlement des contentieux de propriété, problèmes liés à des héritages par exemple). Ils ont compétence sur les terres de leur domaine/village et peuvent en attribuer l’usage. Ils exercent aussi une fonction de conseil.

 

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Un durbar débute de nuit, la veille de la fête officielle. L’alcool de vin de palme, l’akpeteshie, coule à flot et les festivaliers passent une nuit blanche à danser au son des percussions et des balafons (ou xylophones). Certains se maquillent, se travestissent comme nous le faisons à l’occasion de nos carnavals. Ils incarnent des esprits, se pensent parfois réellement possédés tant l’alcool est fort et les drogues locales sont puissantes (le hachich notamment).

 

 

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Après les libations de la nuit traversée par de fantômatiques créatures, place au grand défilé. La procession revient de la plage où l'océan a été célébré. Les sujets du chef sont bénis. Le chef lui-même arrive sur son palanquin. Un page l'accompagne. La fête est à son comble.

 

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En publiant ces photos, issues de diapositives récemment numérisées, je n’entends pas propager la nostalgie d’une Afrique qui aurait irrémédiablement disparue. L’Afrique d'antan est toujours présente. Pas dans le sens d’une régression ou d'un immobilisme. Ni dans celui d’une malédiction qui condamnerait cette région du monde à vivre en dehors de l’histoire comme certains osent le proférer.

Je souhaiterais au contraire expliquer qu'en Afrique les traditions perdurent sans pour autant empêcher la modernité d'avancer. Le téléphone portable y a fait une poussée fulgurante en une décennie. L’internet également. Il y a 30 ans, il était impossible de téléphoner au Ghana. Le réseau à fil avait été réduit à néant. Que de chemin parcouru en si peu de temps.

Ces rapides progrès technologiques ont induit des évolutions sociologiques et économiques dont on ne mesure pas encore toute la portée. La population ghanéenne vit dans un système cumulatif où les traditions lui servent d'ancrage alors qu’elle avance vers un autre monde. Les traditions stabilisent l’émergence du second qui est encore instable et changeant. Certains Ghanéens sont plus avancés que d’autres. Là aussi il y a des inclus de plain-pied dans les deux mondes. Et puis il y a les exclus et pire encore les reclus. Certaines églises évangélistes, d’origine nord-américaines, l'ont bien compris qui proposent une religion festive et rassurante aux populations récemment urbanisées et les accompagnent financièrement à l’image de ce que font les Frères Musulmans en terre d’Islam.

Voyager en Afrique, c’est bien voyager dans le temps : le moderne y côtoie l’ancien demeuré vivant. L'un n'excluant pas l'autre.

 

 

 

 

 

 

16:33 Écrit par Jean Julien dans Ghana | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ghana, nzema, durbar, festival, afrique |

05/03/2013

Francophonie

Je reproduis ci-dessous avec malice la chronique de Jérôme Garcin dans le Nouvel Observateur du 28 février 2013. Il y épingle ces "fameuses" journées de la langue française qui m'ont tant occupé, ainsi que mes collègues polonais et français, quand je séjournais à Varsovie. On peut se demander si la formule est bien adaptée à notre époque. Elle mériterait à mon avis un bon toilettage.

 

"Le 22 janvier dernier, c’était la Journée nationale de la chips. Elle précédait la Journée nationale, le 5 février, de la prévention du suicide. Celle du sommeil aura lieu le 19 mars et celle du fromage le 8 avril. Mais la langue française, elle, a droit à une semaine complète du 16 au 24 mars. C’est dire combien le pays du duc de Saint-Simon et d’Émile Littré est fier de son patrimoine écrit et oral.

Afin de montrer l’attrait que le français exerce sur les langues étrangères, le ministère de la Culture lance un slogan tonitruant : « Dis-moi dix mots semés au loin ». Les choses vont-elles donc si mal qu’on doive se glorifier de l’adoption de l’adjectif « unique » par les Néerlandais, de la préposition « voilà » par les Britanniques et de l’adverbe (ou du nom) « vis-à-vis » par les Espagnols et les Portugais ? Bref, le ministère nous somme, cette semaine-là, de « chanter, chuchoter, slamer, bloguer, filmer, s’enflammer » avec les mots « atelier, équipe, protéger ou savoir-faire ». Cela fait vraiment rêver. On est impatient de vivre ce grand moment festif. Slamer sur « voilà », l’extase.

Pour nous préparer à cet événement, le ministère a envoyé à la presse un communiqué dont le moins qu’on puisse dire est que la prose n’emprunte pas à Marcel Proust. Il y est question de nos expressions « qui s’installent dans des contrées langagières inattendues », des valeurs « véhiculées » par un « français globalement en expansion », qui unit « 220 millions de locuteurs de langue maternelle ou seconde ». En conclusion, « le français gagne une élégante bataille par mots interposés qui dure depuis des siècles » sic. Je ne connais pas les bureaucrates affectés au succès de cette Semaine de la langue française et de la francophonie et j’ignore si leur « savoir-faire » est « unique », mais ils voudraient décourager d’aimer et de célébrer la langue de Molière qu’ils ne s’y prendraient pas mieux. « Voilà ». "

 

 

 

 

 

 

 

 

03/03/2013

Appel à signature

Je relaie l'appel de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme en faveur du pacte pour une Tunisie des Droits et des Libertés.

 http://www.opinion-internationale.com/tunisie-2013#appel

Vous connaissez la situation en Tunisie et je pense que tous les soutiens aux partisans des Droits de l'homme sont les bienvenus.

Merci à tous ceux qui voudront bien manifester leur engagement.

 

10:48 Écrit par Jean Julien dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tunisie; droits de l'homme |

18/02/2013

Ruine à La Goulette

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 Il n’est pas nécessaire d’entrer dans la maison pour mesurer le désastre. Le toit éventré, les gouttières suspendues dans le vide, les fenêtres arrachées, les portes béantes, les balcons branlant, le bâtiment porte tous les stigmates d’un abandon ancien et de pillages répétés. A l’intérieur, les prises et les interrupteurs électriques ont été extirpés des murs tout comme les montants des portes. La nature a repris ses droits dans le jardin et commence à envahir l’intérieur de la maison, recouvrant peu à peu de feuilles et de branchages le sol en ciment. Des habitants successifs, il ne reste rien, aucune trace. Rien aux murs, pas un signe de la présence humaine qui a marqué ces lieux pendant des décennies, cent ans peut-être. Les graffitis récents à peine lisibles ne donnent aucun indice, marquant seulement la visite d’adolescents à la recherche d’un abri pour jouer à se faire peur. Les chats, fort nombreux dans ce pays, se sont installés dans ce qui ne tardera pas à devenir une ruine totale, effondrée sur elle-même, à moins qu’avant leur chute un bulldozer ne donne le coup de grâce aux murs lézardés. En ce début de matinée d’été, les lieux sont silencieux. Les chats sont  rentrés se mettre à l’abri après leurs courses nocturnes et dorment à l’ombre des arbres et des buissons qui prolifèrent dans le jardin.

La mer n’est pas très loin, à quelque cent mètres de la maison. Fut-elle celle de pêcheurs cette bâtisse ? Profitaient-ils de la proximité de la Méditerranée pour partir aux aurores relever leurs filets après avoir traversé le mince cordon dunaire ? Mais des pêcheurs auraient-ils disposé des moyens pour louer une maison à un étage et disposant d’un jardinet ? Ils s’entassaient habituellement avec femme et marmots dans de petites bâtisses d’une ou deux pièces dans des ruelles perpendiculaires à la plage, indifférents à la vue sur le large, soucieux de ne pas faire face aux tempêtes et à leurs embruns.

Il suffit de prêter un peu l’oreille pour entendre les cris des enfants. D’un peu de concentration pour que les voix des adultes émergent du silence. Avec l’âge, les corps se déforment, les visages se rident, même les regards perdent de leur brillance. Mais les voix ne changent pas. Elles échappent au naufrage. Elles persistent parfois de manière inattendue. Et celles qui émergent de la vieille maison de La Goulette ne faillissent pas à cette règle. Elles sont les mêmes qu’il y a plusieurs décennies, fortes et joyeuses, accompagnées par Joséphine Baker qui roucoule « J’ai deux amours ». Portée par ces voix et cette chanson, la maison redessine ses contours anciens. Le mur qui sépare le jardin de la dune s’abaisse de quelques mètres et laisse apercevoir une troupe d’enfants qui joue avec un chien noir. Les hommes fument tranquillement leurs premières cigarettes du jour assis autour d’une table en fer toute blanche. Ils sirotent leur café, respectueux de cette tradition bien ancrée en Tunisie. Les épouses sont à l’intérieur, échangeant de leurs voix douces les petits secrets qui animent leurs vies. Elles ont déjà acheté les daurades pour le déjeuner au pêcheur de la ruelle voisine. C’est l’été à La goulette. La maison a été louée pour les deux mois les plus chauds, juillet et août. L’horaire allégé permet aux employés de quitter Tunis et sa fournaise dès 14h et de gagner par le TGM* La Goulette en longeant le chenal qui relie la Méditerranée au port de Tunis. Il y a peu de congés dans ces années 30, mais les rires sont là qui ponctuent les interminables parties de cartes du dimanche après-midi et les cris des enfants qui courent vers la mer si chaude qu’on pourrait y dormir.

Paroles si légères qu’elles finissent par s’évaporer comme la brume du matin, comme le songe d’un jour d’été. La maison n’attend plus qu’une tempête pour s’écrouler. A moins qu’un bulldozer ne vienne la bousculer et enfouir à jamais les cris insouciants de l’été.   

 

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La Goulette, Tunisie, été 2011

 

*Train qui relie Tunis à La Marsa en passant par La Goulette

02/02/2013

L'homme aux fourmis

La nuit est profonde. La lune n’est pas encore levée et c’est à travers une obscurité d’encre noire que l’homme essaie de se diriger. Il a oublié sa lampe de poche et son briquet qui auraient pu lui procurer un peu de lumière. Il est trop tard, il ne veut plus faire demi-tour et rentrer chez lui pour récupérer une source de lumière. Il se dit qu’il connaît le campus de Mount Mary comme sa poche. Il l’a sillonné depuis des années et en a pratiqué tous les sentiers. Toutefois cette nuit est étrange. Le campus est plongé dans le noir, privé d’électricité depuis que le transformateur a brûlé et que le groupe électrogène est à cours de gasoil.

Bien que le soleil se soit couché vers 18h30, comme tous les jours sous les tropiques, l’atmosphère est immobile et brûlante, l’air et le sol ayant été chauffés à blanc toute la journée. L’herbe est si sèche qu’elle craque sous les pieds. Les arbres crépitent comme si leur sève bouillait.

L’homme poursuit son chemin dans la nuit vers la villa où ses amis l’attendent. Il finit par apercevoir les fenêtres éclairées de la maison où il doit dîner. Quelques bougies et lampes à pétrole éclairent l’intérieur et répandent quelque clarté aux alentours. C’est alors que l’homme ressent une étrange impression au niveau de ses mollets, juste au-dessus de ses chaussettes. Par précaution, il n’utilise jamais de nu-pieds quand il sort de chez lui. Serpents et scorpions sont nombreux dans la région de Somanya et il vaut mieux s’en protéger. L’homme sent de petits pincements sur sa peau, comme de légères morsures. Il se dit qu’il a été piqué par des moustiques cet après-midi et que la démangeaison revient après quelques heures de répit. Mais plus il approche de chez ses amis et plus les morsures se multiplient sur ses deux mollets. Il ne prend pas le temps de frapper à la porte d’entrée  et se précipite dans la villa, il n’y tient plus. Ses jambes sont assaillies par mille piqûres incessantes.

-          Ouille, ouille, ouille ! crie l’homme sous le regard incrédule de ses amis. Aïe ! Aïe ! Mais que m’arrive-t-il ? Je n’en peux plus.

Ses amis n’ont pas le temps de lui répondre qu’à leur grande stupeur, l’homme baisse son pantalon et le laisse tomber sur ses chaussures. Et il commence à se gratter les jambes avec frénésie. Contrairement à ce qu’il pensait, la douleur  ne vient pas de piqûres de moustiques. L’homme découvre avec stupeur que ses jambes sont couvertes de grosses fourmis qui s’accrochent à sa peau en fermant leurs mandibules.

-          Ce sont des magnans, Claude, des fourmis magnans, crie Kodjo,  un des invités déjà installé dans un fauteuil un verre de whisky à la main. Elles forment dans la brousse des colonnes larges de 40 ou 50 centimètres. Ces colonnes peuvent s’étirer sur 200 ou 300 mètres… Tu as marché sur une colonne dans l’obscurité, sans t’en rendre compte !

 

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Fourmi magnan (cliché Alex Wide)

 

-          Aïe ! Ouille ! crie Claude, l’homme aux fourmis. Tu es bien gentil Kodjo avec ton cours de sciences naturelles mais tu ferais mieux de m’aider au lieu de pérorer.

-          J’arrive. On va t'aider à décrocher toutes ces bonnes fourmis ouvrières qui ont cru que tu étais bon à dévorer, comme n'importe quelle proie ! Tu leur as marché dessus et il ne leur a fallu qu’un instant aux pour grimper le long de tes mollets !

-          Ces bestioles s’accrochent à ma peau avec leurs mandibules. Cela fait très mal. On dirait des pinces en acier !

-          Tu ne crois pas si bien dire. En médecine traditionnelle, on les utilise pour suturer les petites plaies, explique Kodjo.  Les fourmis ferment leurs mandibules sur les deux côtés de la blessure et s’immobilisent ainsi comme si elles avaient enserré une proie. Elles meurent mais ne desserrent pas leur étreinte, favorisant ainsi la cicatrisation de la plaie…

-          Tu m’en vois ravi, cher Kodjo. En attendant  cela me démange…

-          Allez, prends un verre avec nous, Claude,  et tu oublieras vite cet épisode. On vit en brousse et tu sais comme moi que les insectes y pullulent. Quand l’électricité reviendra, tout ira mieux.

-          Tu as raison et demain dès l’aube, je pars à Tema au siège régional de la Ghana electricity corporation pour qu’on nous change enfin le transformateur défectueux. Tu m’accompagneras Kodjo, s’il te plaît. Tu as des amis là-bas.

-          Oui, patron !

-          Ne m’appelle pas patron. Nous sommes collègues Kodjo. Nous enseignons tous les deux sur ce campus.

-          Oui patron ! s’exclame Kodjo dans un grand éclat de rire.

-          Tu me feras enrager, lui répond Claude en riant.

Pendant ce temps, la colonne de fourmis que Claude a croisée poursuit sa lente progression dans la brousse à la recherche de nourriture, indifférente à la nuit et à la chaleur. Que fait donc Kotoko ? Pourquoi n’est-il pas venu au secours de l’homme attaqué par les fourmis ? C’est que notre hérisson du Ghana est en voyage… Il ne peut pas être partout !

 

16/01/2013

Les chaises du canal

Un clin d’œil à une institution tunisienne : le café.

Et au canal qui à La Goulette relie la Méditerranée au lac de Tunis.

 

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Chaise au bord du canal de La Goulette, Tunisie

 

 

L’une fait face au courant au bord du canal.

 

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Chaise sous l'eau, Idem

 

L’autre repose sous l’eau, au milieu des alevins et des algues, dans le courant.

La première chaise est plantée sur ses quatre pieds et dispose encore de tous ses barreaux ou presque et de ses accoudoirs.

L’autre chaise est couchée sous l’eau, son dossier ou ce qu’il en reste est posé au fond  du canal, elle a perdu son assise.  

La première qui tient toujours debout décide d’inviter l’autre à une conférence. La conférence des chaises abandonnées au bord de l’eau et sous l’eau. Une telle réunion ne peut pas se tenir le jour car elle attirerait l’attention des promeneurs et des pêcheurs nombreux au bord du canal. On attendra donc la nuit propice aux rencontres secrètes et aux conciliabules discrets. La première chaise prend son mal en patience et, quand l’obscurité règne sur le canal, lance des appels furtifs à sa collègue qui gît sous l’eau.

-          La chaise ! La chaise ! Ne me dis pas que tu dors ! Réponds-moi vite !

Le silence réplique à la première chaise, un silence à peine teinté par le bruissement de l’eau qui s’écoule vers la mer. Et puis, un léger murmure se fait entendre au moment où notre chaise aux pieds dans l’eau commence à désespérer.

-          On m’appelle ? susurre une voix faible et glougloutante. 

-          Oui, c’est moi, ta voisine, la chaise qui tient encore sur ses pieds.

-           Ah ! Je t’aperçois à travers les flots. Tu en as de la chance de te trouver à l’air libre. Sous l’eau, la vie est bien morose et les poissons ne sont pas bavards… Et puis, je commence à rouiller de partout.

-          Toi et moi avons bien perdu de notre lustre. Il est loin le temps où nous nous pavanions aux terrasses des cafés, où nous accueillions du matin au soir les postérieurs des clients, sans rechigner. Et voilà comment on nous remercie de nos bons services, en nous jetant dans le canal !

-          Parfois, j’ai moi aussi la nostalgie de cette époque où nous nous sentions utiles et où nous pouvions suivre à loisir les conversations des amateurs de thé et de café. Les fanatiques de football, les amoureux transis, les couples illégitimes, les hommes d’affaires, les policiers curieux : tous nous confiaient leurs postérieurs. Du plus rebondi au plus mince, du plus ferme au plus flasque, du tout flétri au tout lisse. Ils ne nous prêtaient guère d’attention tous ces clients, mais nous savions entendre leurs confidences et garder leurs secrets…

-          Et dieu sait s’il y en a dans ce pays des secrets murmurés au creux de l’oreille dans les cafés !

-          C’est magnifique, toute ces paroles échangées dans les cafés, tout ce tumulte de mots : que deviendrions-nous si nous en étions privées ? Des formes sans raison d’être. Le silence m’étouffe ma chère !

-          C’est pour cela que je t’ai invitée à cette conférence. Ne restons pas ici au bord du canal ou sous ses eaux. Glissons de quelques mètres vers le bord et rejoignons le quai. Ne nous laissons pas emporter par le courant qui est si vif à cette heure de la nuit.

-          Oui. Bougeons-nous et rejoignons la terre ferme.

Ce n’est pas une mince affaire pour les deux chaises que de se déplacer de quelques mètres. Elles se retrouvent pourtant après bien des efforts sur le quai qui borde le canal. Toujours aussi inutiles. Un chiffonnier qui maraude nuitamment par là en fait son affaire. Tout se revend, y compris les vieilles chaises dont on récupère le métal. C’est ainsi que disparurent les deux chaises du canal. Et avec elles les mille et un secrets qu’elles avaient su garder…

 

 

 

 

12:19 Écrit par Jean Julien dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : la goulette, canal, lac de tunis, tunisie, chaises, café |

05/01/2013

Le dortoir des tourterelles

Elles sont toutes là.

Toutes les tourterelles de la vallée se sont rassemblées sur l’arbre qui se dresse au milieu du champ labouré. Elles se reposent au soleil dans le calme de cet après-midi hivernal.

 

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L'arbre aux tourterelles, Turquie

 

L’arbre qui les héberge a perdu ses feuilles mais d’énormes boules de gui prolifèrent sur ses branches. Il est bien vieux cet arbre que le laboureur a préservé au milieu de son champ. Regardez-le : son tronc est creusé de profondes craquelures causées par le gel de l’hiver et les fortes chaleurs de l’été. Il tient bon depuis des décennies, seul au milieu de nulle part. Derrière lui s’élève une colline rocailleuse qui le protège du vent d’est. Mais quand le vent vient du nord, rien à faire, le vieil arbre est secoué et ses branches s’agitent dans tous les sens.

Cet après-midi, le vent s’est tu après avoir chassé les nuages porteurs de pluie. Et les tourterelles prennent leur bain de soleil. Kotoko, qui a quitté depuis quelques jours la plage aux tortues d’Iztuzu, aimerait bien trouver un endroit calme pour se reposer. Il a très peur de la grand-route qui longe le champ labouré : de gros camions y circulent ainsi que des autocars, des camionnettes et des voitures. Les routes sont dangereuses pour les hérissons et  Kotoko s’en méfie. Quand il aperçoit le vieil arbre, il s’en approche et découvre petit à petit les tourterelles qui se prélassent au soleil. Il aimerait faire comme elles.

 

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Les tourterelles dans leur dortoir à l'approche de Kotoko

 

La tourterelle guetteuse, qui surveille les environs pour permettre à ses amies de dormir tranquillement, aperçoit Kotoko qui s’approche. Elle commence immédiatement à s’agiter et à roucouler pour alerter ses amies de l’arrivée d’un animal inconnu. Kotoko aimerait grimper dans cet arbre et somnoler aux côté des oiseaux. Quand il s’arrête au pied du tronc d’arbre, une grande agitation règne au sein de la troupe des tourterelles. Le silence de la sieste est rompu et ce ne sont que « crous crous » d’alarme qui répondent à des « crous crous » d’inquiétude. Kotoko ne se décourage pas pour autant et lance à la guetteuse qui le surveille quelques mots aimables :

-          Bonjour mademoiselle la tourterelle ! Que vous êtes belle ! Vos plumes brillent au soleil et votre chant ravit mes oreilles.

-          « Crou crou » roucoule la guetteuse, flattée qu’un hérisson lui envoie d’aussi aimables compliments. Comment t’appelles-tu ? Porc-épic ?

-          Non, non, je ne suis pas un porc-épic. Je suis un hérisson et je viens du Ghana.

-          « Crou crou » reprend la tourterelle. Le Ghana se trouve bien loin de notre pays, la Turquie. Tu es le bienvenu car tu es un grand voyageur. Monte dans le vieil arbre et viens te reposer avec nous. Nous n’avons pas peur de toi, tu es notre ami.

-          Venez m’aider. Je ne sais pas grimper aux arbres.

Quelques tourterelles descendent de leurs branches et se posent délicatement près de Kotoko. Elles le placent sur leur dos et le soulèvent en battant des ailes. Arrivées au creux de branche le plus douillet, elles déposent délicatement Kotoko au soleil. Salué par de nombreux « crous crous » de bienvenue, Kotoko remercie ses amies ailées et ne tarde pas à s’endormir tant il est fatigué. Les tourterelles reprennent elles aussi leur sieste en veillant sur leur nouvel ami venu de si loin.

 

19/12/2012

Kotoko et la tortue Daylan

« Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. »

Écrire, Marguerite Duras, 1993

 

 

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La lagune du fleuve Dalaman et la montagne où Kotoko se retrouve (Turquie)

 

Kotoko ne sait pas trop comment il se retrouve en Turquie mais il y est bel et bien. Dans ce pays aux mille montagnes, il se réveille au sommet d’un mont de plus de mille mètres d’altitude qui plonge dans la mer Méditerranée. Sous l’effet des rayons du soleil qui se lève, la montagne sort de l’obscurité et prend sa forme abrupte, dressée comme un bouclier face au large et aux envahisseurs qui pourraient surgir des flots.

Kotoko est bien embarrassé : le sommet de la montagne est dénué de toute nourriture et aucun point d’eau ne peut désaltérer notre ami. Le hérisson se dit qu’il ne pourra pas rester longtemps sur cette hauteur inhospitalière. Certes la vue est magnifique sur l’estuaire du fleuve Dalaman qui serpente en méandres paresseux jusqu’à la mer. Encadré de hautes falaises abruptes, bordé par des roselières impraticables sur des kilomètres, le Dalaman rejoint la Méditerranée en traversant la plage d’Iztuzu.

Tout cela est bien joli mais un paysage, aussi beau soit-il, n’a jamais nourri un hérisson. Kotoko ne peut pas se contenter du plaisir des yeux. Il lui faut de bonnes fourmis sous la dent et quelques vers sur la langue.  

En s’approchant du précipice qui plonge jusqu’à la lagune du fleuve Dalaman, Kotoko est pris de vertige. Il sent que sa tête tourne, de plus en plus fort. Il perd l’équilibre et sans s’en rendre compte, il bascule dans le vide et commence à glisser le long de la paroi rocheuse. Heureusement pour lui, il n’est pas lourd, ses épines épaisses amortissent les chocs et des arbustes et des buissons qui poussent dans les creux de rochers ralentissent sa chute. Kotoko croit rêver ou plutôt vivre un cauchemar. Il n’a pas le temps de se demander dans quel état il va se retrouver au pied de la montagne qu’il se sent plonger dans une eau salvatrice. Il se retrouve au fond de la lagune et il n’y voit pas grand-chose tant l’eau est trouble.

Kotoko ne sait pas nager et il est très inquiet : comment va-t-il se sortir de ce mauvais pas ? Comment va-t-il échapper à la noyade ?

Serions-nous à la fin des aventures de Kotoko ?

 

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La tortue Daylan et son sortège de poissons (lagune du Dalaman, Turquie)

 

Non. Car, nageant entre deux eaux à très grande vitesse grâce à ses quatre pattes, une grosse tortue s’approche de Kotoko. Elle s’appelle Daylan et vit dans la lagune du fleuve Dalaman. Elle a vu Kotoko tomber dans l’eau comme un petit astéroïde. Et elle a plongé à sa recherche sachant que les hérissons ne savent pas nager. Kotoko, en plein désespoir, sent soudain qu’une force solide le soulève. Daylan l’a chargé sur sa carapace et remonte le plus vite possible vers la surface pour que Kotoko puisse respirer. Et c’est enfin la lumière et avec elle l’air qui manquait tant à Kotoko. Nos deux amis se trouvent au bord de la roselière et Kotoko halète en reprenant son souffle.

Quand il peut enfin parler, il dit à la tortue  Daylan:

-          Merci, tortue, tu m’as sauvé la vie. Sans toi, je me serais noyé !

-          C’est normal de s’aider entre animaux. Je n’allais pas te laisser couler dans les eaux sombres du Dalaman. Comment t’appelles-tu et comment es-tu tombé dans l’eau ?

-          Je m’appelle Kotoko,  je viens du Ghana. Je ne sais pas du tout par quel sortilège je me suis retrouvé au sommet de cette montagne que tu vois au-dessus de nous. J’en suis tombé et par miracle je suis arrivé vivant dans la lagune !

-          Un sortilège ? Comme dans les contes des Mille et une nuits ?

-          Je sais que je peux grâce aux grilles magiques voyager rapidement. Mais là, c’est nouveau, j’étais au Ghana et l’instant d’après en Turquie, sur cette montagne !

-          Tu sais Kotoko, il ne faut pas chercher à tout comprendre. Tu es vivant et entier, c’est l’essentiel et nous t’accueillons avec plaisir, nous les tortues d’Iztuzu. Nous venons sur la plage pondre nos œufs avant de repartir vers le large. Moi je suis la gardienne des lieux, je m’appelle Daylan et je vis ici toute l’année.

-          Encore merci tortue Daylan. Tu sais, je viens de boire l’eau du fleuve qui est un peu salée mais j’ai toujours très faim…

-          Alors en avant ! Monte sur ma carapace et filons vers la plage. Tu y trouveras des puces des sables absolument délicieuses ! Et tu pourras goûter au crabe bleu, encore meilleur.

Et nos deux amis filèrent vers la plage d’Iztuzu. Ils croisèrent quelques bateaux, pour certains chargés de touristes. Les passagers furent étonnés de voir un hérisson voyager sur la carapace d’une tortue. Était-ce un sortilège ?

 

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La plage d'Iztuzu (Turquie)

 

 

08/12/2012

Les moineaux de Tunis

 

« Tendre l’oreille. Tendre l’oreille, immobile et attentif, comme si tu étais une palourde. »

Kafka sur le rivage, Haruki Murakami

 

Les moineaux de Tunis volent en bandes.

Comme les étourneaux, ils reviennent des campagnes environnantes au soleil couchant. Ils ne forment pas des petites troupes de quelques dizaines d’oiseaux. Ils se rassemblent par nuages, des  nuages de volatiles qui survolent la ville pour gagner l’avenue Bourguiba. Avant de se poser, ces essaims ailés tourbillonnent dans l’air du soir comme les nuages électroniques qui embellissaient nos écrans d’ordinateurs lorsqu’ils étaient en veille, voici quelques années. Les figures ne sont jamais les mêmes : des vrilles descendantes, des tourbillons horizontaux, des tornades escaladant le ciel de Tunis qui vire au vert avec la nuit qui approche.

Ces milliers, peut-être ces millions d’oiseaux ne se contentent pas de voler en nuages « à l’architecture mobile *».  Ils inondent l’avenue Bourguiba de leurs cris et de leurs piaillements jusqu’à ce qu’ils s’enfoncent dans les ramures des ficus qui bordent et embellissent l’avenue depuis des décennies. Ils entrent et sortent de leurs dortoirs végétaux avec une frénésie incroyable. Indifférents au vacarme des voitures et des tramways, à la foule des badauds qui déambule sur les trottoirs et l’allée centrale, aux fumeurs et aux frimeurs bavards qui envahissent les terrasses de café, aux bourrasques de vent qui secouent les parasols et les branches des ficus, repus par leurs agapes dans les champs autour de Tunis ou sur les décharges à ordures, les oiseaux ont hâte de s’endormir bien au chaud au cœur des arbres de la grande ville, à l’abri des prédateurs de la campagne.

La nuit venue, ils se taisent. L’éclairage public ne les dérange en rien. Ni le défilé des « bizness », ni les appels des jeunes vendeurs de jasmin, ni les belles qui défilent bras-dessus-bras-dessous en quête d’aventure, rien ne les perturbe.

Demain au soleil levant, ils reprendront leurs pépiements, secoueront leurs ailes engourdies, lâcheront quelques fientes sur les tables des cafés et quitteront leurs abris nocturnes pour former à nouveau ces nuages vivants que seuls les travailleurs et les voyageurs matinaux apercevront d’un œil distrait.

La lumière reprendra ses droits. La baie de Tunis virera au bleu et le soleil naissant coloriera de rose les façades blanches.

 

 

 

*Un port, Charles Baudelaire in Petits poèmes en prose

 

15:00 Écrit par Jean Julien dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : tunisie, tunis, moineaux, nuages, ficus, avenue bourguiba |

18/11/2012

La ligne rouge

De retour de Tunisie où j’ai passé une petite semaine, je viens vous livrer quelques-unes des observations que j’ai pu y effectuer. Ce ne sont pas celles d’un journaliste mais celles d’un familier de la Tunisie qui peut à ce titre sentir le pouls de ce pays.

Dès l’arrivée à l’aéroport et les premiers échanges qui s’en suivent, le sentiment de liberté ressenti en juillet 2011 se confirme. La parole n’est plus muselée, elle est souvent fière. Avoir chassé du pouvoir aussi rapidement « le roi de Carthage » et son encombrante clique familiale demeure un sujet majeur de  satisfaction. La confiance est de mise quant au déroulement du processus d’élaboration de la constitution qui doit déboucher sur des élections, présidentielle et parlementaire, en juin 2013. Les plus avertis s’étonnent qu’on puisse fixer des dates d’élection alors que la nouvelle constitution n’est ni totalement élaborée, loin s’en faut,  ni a fortiori adoptée. Il s’agit pour le gouvernement de transition de rassurer les citoyens inquiets de la lenteur du processus « constituant » et des dérives qu’elle pourrait engendrer. Bien sûr les tempéraments les plus inquiets se sentent mal à l’aise dans un pays qui n’a pas de cadre constitutionnel. Ils se pensent à la dérive.  Ils se font l’écho du renchérissement du coût de la vie et des doléances des automobilistes qui déplorent le prix élevé de l’essence, mélangeant ainsi insatisfaction politique et mécontentement social qui étaient déjà de mise sous l’ère Ben- Ali. J’ai le sentiment que chez les pleureurs, ceux qui se plaignaient avant janvier 2011 se plaignent toujours.

Il y a aussi les optimistes qui pensent qu’il faut donner du temps au temps et qu’un processus de transition est délicat à conduire et ne doit pas se réaliser dans la précipitation. Ceux-là rejoignent les pessimistes sur un même terrain, celui de la présence bien visible des Sallafistes. Cette présence, qui certes n’est pas massive mais s’affiche bel et bien, requiert de la part des Tunisiens et de leur gouvernement une vigilance sans faille. A ce titre, « l’attaque » contre l’ambassade des États-Unis voici quelques semaines a mis un terme à l’attitude laxiste du parti Ennhada vis-à-vis de ces militants de l’Islam en tenue afghane. Depuis ce « débordement », ils sont étroitement surveillés et soumis aux lois en vigueur en cas de violence et/ou de prosélytisme excessif. Ils ont pourtant pignon sur rue dans les locaux de la mosquée El-Fateh, avenue de la Liberté (cela ne s’invente pas). Car ils sont libres d’exprimer leurs opinions dans les limites prévues par la loi. Les plus malins d’entre eux, dotés de l’incomparable sens du « bizness » dont font preuve maints Tunisiens, ont même installé un petit marché devant cette mosquée. Ils y vendent, en grande tenue afghane,  « tout le nécessaire pour le parfait Sallafiste ».

Il s’agit là de l’un des deux  éléments constituant la ligne rouge que les partis « laïques » ont érigée et imposée à Ennhada. Ils ont exigé que toutes les lois soient appliquées à ces extrémistes religieux issus d’un autre temps, moyenâgeux, et d’une autre longitude, afghane en l’occurrence. Liberté d’expression certes mais sans violence ni coercition.  Le respect des lois a également été rappelé à Ennhada en ce qui concerne le statut de la femme. Il devra être préservé intégralement. Dans ces deux domaines, rien ne sera négociable. Cette position ferme et exprimée clairement contribue à rasséréner celles et ceux qui se sentaient menacés dans leur liberté vis-à-vis de l’Islam et de la tradition. C’est ainsi que se côtoient dans les rues de Tunis ou de Kelibia des femmes vêtues à l’européenne, parfois dans des tenues très à la mode, et des femmes qui cachent leurs cheveux sous un foulard et leurs jambes sous une jupe longue. D’autres portent cette tenue noire (djilbab) qui ne laisse voir que leur visage et qui ressemble fort à la tenue traditionnelle de nos bonnes-sœurs catholiques. Si dans les rues on observe un peu plus de femmes en foulards et en tenues noires (cette dernière n’ayant rien de tunisien mais étant importée d’Arabie-Saoudite), on ne peut pas écrire qu’il s’agit d’un raz-de-marée. Il faut reconnaître que certaines trouvent enfin l’occasion de porter des tenues qui leur étaient interdites sous Ben-Ali. D’autres plus conformistes suivent les modes venues des pays du Golf et véhiculées par les chaînes télévisées satellitaires. Un jour la même femme, parfois très jeune, sera « bâchée » (comme disent leurs détracteurs), le lendemain elle sera habillée à l’européenne…

J’ai donc eu le sentiment de me trouver dans un pays qui fonctionne, calme, et qui poursuit avec détermination sa marche vers une nouvelle ère politique. La fermeté des partis « laïques »  concernant cette ligne rouge qu’ils ont instituée m’a semblé très encourageante pour l’avenir de ce pays toujours aussi accueillant. N’hésitez donc pas à vous joindre aux 5 millions de touristes qui y ont déjà séjourné en 2012. L’ouverture de l’espace aérien à de nouveaux opérateurs à l’horizon de l’été 2013 devrait contribuer à accroître le nombre de visiteurs en induisant une baisse du prix des billets. Du moins espérons-le.

12:01 Écrit par Jean Julien dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : tunisie, ligne rouge, ennhada, islam, constitution, élections |

03/11/2012

Le crocodile de Montsouris

Il était là sur le rivage de la petite île : le crocodile, immobile. Les promeneurs du parc de Montsouris connaissaient bien sa silhouette familière car elle ponctuait leurs promenades depuis longtemps. Si longtemps que certains ne voyaient même plus l’animal bien installé au pied de grands bambous. Le crocodile de Montsouris surveillait les familles de canards qui nageaient sur le lac, les troupeaux de carpes qui hantaient ses eaux troubles. Ses préférés étaient les poissons rouges que des enfants sages avaient libérés de leurs bocaux en les renversant dans le lac.

 

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Le crocodile du parc de Montsouris sur son île

 

Le crocodile était prisonnier de son île. Nul n’avait jamais songé à lui faire faire un tour dans le parc de Montsouris. Mais un beau matin, le soleil à peine levé, une petite équipe pénétra dans le parc bien décidée à libérer le crocodile de son île-prison. Kotoko, le hérisson du Ghana, conduisait ses camarades. Ils étaient tous là : les perruches du parc, le vieux gecko Charlie et quelques chats qui avaient élu domicile dans les fourrés. Quand ils se trouvèrent en face de l’île sur laquelle vivait le crocodile, ils durent imaginer comment ils allaient traverser le petit bras d’eau qui les séparait de leur protégé. Les perruches proposèrent de soulever dans les airs Kotoko et ses amis. Elles l’avaient déjà fait et notre hérisson avait ainsi voyagé du parc de Montsouris jusqu’à la cité universitaire. Vieux Charlie et les chats refusèrent tout net prétextant un terrible vertige une fois dans les airs.

Il fallut alors confectionner un radeau avec quelques branchages attachés les uns aux autres par des cordes. Kotoko s’improvisa capitaine pour la traversée qui ne devait durer que quelques dizaines de secondes… 30 ou 40 au maximum. Les perruches prirent place sur le radeau aux côtés de Vieux Charlie et des chats, très effrayés par l’eau. Elles auraient pu d’un tir d’aile gagner l’île du crocodile mais elles préféraient accompagner leurs camarades d’aventure sur le radeau.

Une fois sur l’île, la petite troupe s’engagea dans le bois de bambous et se retrouva en face du crocodile toujours aussi immobile. Les perruches, rapides comme le vent,  proposèrent de lui passer quelques cordes sous le ventre pour le soulever de quelques centimètres. Kotoko, Vieux Charlie et les chats pousseraient l’animal vers le radeau. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le crocodile se retrouva légèrement au-dessus du sol et fut dirigé vers le radeau. Tout se passa bien. Le crocodile fut délicatement posé sur les branchages et une fois la petite troupe rassemblée, la traversée vers le parc commença.

Tout à coup, nos amis entendirent un terrible coup de tonnerre. Un orage approchait. De grosses gouttes de pluie commencèrent à mouiller les pelages des chats et à glisser sur les épines de Kotoko. Lorsque le radeau aborda la rive du parc, la petite troupe était trempée. Et quand ils voulurent soulever le crocodile pour le promener, nos amis eurent une énorme surprise.

Le crocodile se cassa en deux ! « Comment cela est-il possible ? » se demanda Kotoko. Il n’eut pas le temps de trouver la réponse que le crocodile se retrouva en quatre morceaux. Tous étaient atterrés : qu’arrivait-il donc à leur ami pour qu’il se casse ainsi ? En l’examinant de plus près, ils constatèrent que le crocodile était en plâtre. Une statue, leur ami n’était qu’une statue qui avait fondu sous l’effet des grosses gouttes de pluie quand elle eut perdu l’abri des grands bambous.

-          Comme c’est dommage, se lamenta Kotoko. Nous étions si heureux de promener le crocodile dans le parc. Qu’allons-nous faire des morceaux de plâtre ? Les coller pour reconstituer la statue ?

-          Non, non, piaillèrent les perruches. Le crocodile ainsi recomposé serait trop fragile. On va jeter les morceaux dans le lac. Ce sera mieux ainsi.

-          D’accord, répondirent les animaux de la troupe.

C’est ainsi que disparut le crocodile du parc de Montsouris. Quand les grilles ouvrirent au public, nos amis avaient déjà jeté les morceaux de plâtre dans le lac. Les promeneurs les plus attentifs remarquèrent que quelque chose avait changé sur l’île. Mais ils étaient incapables de dire quoi. Ils avaient déjà oublié le crocodile immobile.

 

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Kotoko à Amsterdam dans la classe d'Ewan

  

23/09/2012

“Oh! My brothers! You killed my small little this thing…”

Je reprends les aventures de Kotoko, le hérisson du Ghana, en compagnie de son ami le gecko Vieux Charlie. Les parents jugeront par eux-mêmes de l'opportunité de lire cette histoire à leurs enfants. Il y a en effet mort de poulet...

 

 

Kotoko et Vieux Charlie ont décidé de quitter Tema pour se rendre à Akosombo sur le fleuve Volta. Ils souhaitent revoir le grand barrage construit voici quelques décennies et qui fournit de l’électricité à tout le sud du Ghana de manière un peu capricieuse : il faut arrêter la production quand la réserve d’eau est insuffisante ou qu’une vieille turbine tombe en panne. A bord de la Suzuki qui n’a pas d’âge, nos deux amis empruntent la « Tema-Jasikan road » qui file vers le nord  du Ghana à travers la « Eastern region » en longeant la réserve d’animaux des Shaï Hills. Tout à coup, ils aperçoivent une famille de singes installée au bord de la route. Les petits observent les voitures et les camions qui passent sous la surveillance des parents.

 

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Des singes de la réserve de Shaï Hills, Ghana

Les voyageurs poursuivent leur route quelque peu monotone car elle est tracée au cordeau, toute droite au milieu de la savane. Quelques vendeuses de tomates sont installées çà et là sur le bas-côté et ravitaillent les conducteurs qui rejoignent leurs familles en ville.

Soudain Vieux Charlie qui tient le volant freine énergiquement. Kotoko, qui s’était un peu assoupi, se réveille :

-          Que se passe-t-il Vieux Charlie ? Un de nos pneus aurait-il crevé ?

-          Non, nos pneus sont intacts, heureusement. Regarde devant toi au lieu de baisser les yeux et tu vas pouvoir admirer un spectacle étonnant ! répond Vieux Charlie.

Devant la voiture, un serpent traverse la route avec une lenteur étonnante. Il faut dire que nos amis ne voient que son tronc : la tête de l’animal a déjà rejoint les buissons de la brousse à gauche de la route alors que sa queue est toujours à droite de la chaussée…

-          Un python ! crie Kotoko qui s’y connait en serpents. Il mesure bien 5 ou 6 mètres ! Imagine Vieux Charlie la force qu’il peut avoir quand il étouffe une proie…

-          Oui, il doit est très puissant. Un petit gecko comme moi ne ferait pas le poids contre un tel animal. Il m’écraserait comme une allumette !

-           Tu as bien fait de t’arrêter pour le laisser passer. Le python n’est pas dangereux pour nous dans la voiture. C’est seulement lorsqu’il a faim qu’il cherche une proie.

Lorsque la queue du python gagne la gauche de la route, Vieux Charlie redémarre le moteur de la Suzuki qu’il avait éteint pour économiser un peu d’essence et ils reprennent leur voyage. En traversant un petit village installé le long de la chaussée, Kotoko et Vieux Charlie entendent le bruit d’un choc à l’avant du véhicule. Notre gecko conduit prudemment et a beaucoup ralenti en entrant dans le village sachant que de nombreux enfants y vivent et peuvent imprudemment traverser la route.

-          Que se passe-t-il ? demanda Kotoko. On dirait que le moteur fume...

A peine a-t-il prononcé ces mots qu’ils entendent crier :

-          “Oh! My brothers!  You killed my small little this thing… Oh! My brothers!  You killed my small little this thing…”

Un vieil homme se tient au bord de la route : il a les deux mains jointes sur la tête et semble très affecté.

-          Que se passe-t-il « granpa » ? demande Kotoko au vieillard qui continue à geindre.

-          “Oh! My brothers!  You killed my small little this thing…” répète-t-il comme si un événement grave avait eu lieu.

Bien qu’ils comprennent l’anglais approximatif du vieillard, nos amis ne saisissent  pas la cause de sa détresse. Le moteur fume toujours. Ils examinent la calandre de la Suzuki et aperçoivent quelques plumes collées sur le plastique. Ils ouvrent le capot et constatent que c’est le radiateur qui fume. En s’approchant encore plus près, ils voient qu’un objet pointu et jaune s’est enfoncé dans le radiateur et que c’est de ce point que la vapeur d’eau sort.

-          Nous avons heurté un poulet et sous le choc son bec a percé notre radiateur, conclut Vieux Charlie qui a de l’expérience en mécanique.

-          Je comprends, dit Kotoko. Le vieil homme pleure son poulet mort avec beaucoup de démonstration pour que nous prenions pitié de lui et lui donnions quelques cédis pour qu’il s’en rachète un autre… Bien vivant !

-          Je crois que tu as raison, Kotoko. Allons le consoler et donnons-lui quelques cédis. Il se calmera.

 Nos amis s’approchent du vieillard qui tient toujours ses deux mains sur sa tête et gémit :     « Oh! My brothers!  You killed my small little this thing… » . Quand il aperçoit les quelques cédis que Vieux Charlie lui tend, le vieil homme cesse de vociférer, empoche bien vite ses sous et après un rapide « Thank you my brothers ! God bless you ! », il s’empresse de regagner sa petite maison.

Nos amis reprennent la route jusqu’à un garage où ils font réparer le radiateur. Ils gagnent ensuite Akosombo où ils décident de passer la nuit avant d’embarquer le lendemain sur l’« African Queen », le bateau qui circule sur l’immense lac créé par le barrage. Kotoko et Vieux Charlie s’endormiront en pensant au vieil homme et dans leurs rêves ils l’entendront répéter : « Oh! My brothers!  You killed my small little this thing… ».

 

 

Ghana 08 2007 003 (4).JPG

A bord de l'african Queen, barrage d'Akosombo, Ghana

 

 

Ghana 08 2007 008 (2).JPG

Idem

 

10:00 Écrit par Jean Julien dans Aventures de Kotoko et autres | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ghana, python, akosombo, singes, cedis, tema |

11/09/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 9 et dernier

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

Chapitre 9 et dernier

 

 

Finale d’Orphée aux enfers, musique de Jacques Offenbach, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy

L'Opinion à Orphée, sur le devant de la scène :

« Ne regarde pas en arrière !
A quinze pas fixe les yeux.
Ami, pense à la terre !
Elle nous attend tous les deux ! »

 

 

04/09/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 8

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

Chapitre 8

 

 

« Ah ! Ange du ciel ! Est-ce bien toi ?

Tes yeux me brûlent de leur flamme !

Ton front resplendit, je te vois

Tel que te rêvait mon âme !

Ange du ciel, est-ce bien toi ? »

Les contes d’Hoffmann, musique de Jacques Offenbach, livret de Jules Barbier

 

 

28/08/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 7

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

Chapitre 7

 

 

« Mon bien aimé, ma voix t’implore !

Ah ! Que ton cœur vienne à moi !

Elle a fui, la tourterelle,

Elle a fui, elle a fui loin de toi ! »

La belle Hélène, musique de Jacques Offenbach, livret de livret d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy

 

 

 

 

21/08/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 6

 Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

 

 

Chapitre 6

 

« D’épouvante et d’horreur

Tout mon être se glace !

Une étrange terreur

M’enchaîne à cette place !

J’ai peur. »

Les contes d’Hoffmann, musique de Jacques Offenbach, livret de Jules Barbier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14/08/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 5

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

 

Chapitre 5

 

« Moi, je suis Aristée, un berger d'Arcadie,
Un fabricant de miel, ivre de mélodie,
Sachant se contenter des plaisirs innocents
Que les dieux ont permis à l'habitant des champs ! »

Orphée aux enfers, musique de Jacques Offenbach, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy

 

 

07/08/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 4

 Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

 

 

Chapitre 4

 

« Ah ! Que j’aime les militaires ! Leur uniforme coquet, leur moustache et leur plumet ! »

La grande duchesse de Gerolstein, musique de  Jacques Offenbach, livret d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy

 

 

31/07/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 3

 

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014). 

 

 

 

Chapitre 3

  

« Ce bois mystérieux, ces trois déesses, cette pomme et ce berger… Ce berger surtout… Vous n'avez pas de nouveaux détails ? » La belle Hélène, musique de Jacques Offenbach, livret d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy

 

 

24/07/2012

Les amants de Lamalou, chapitre 2

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

 

 

 

Chapitre 2

 

 « Pourquoi suis-je troublée ainsi ? Je suis troublée comme s’il allait se passer quelque chose d’extraordinaire, de fatal. » Hélène,  La belle Hélène, musique de Jacques Offenbach, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy

 

 

 

16/07/2012

Les amants de Lamalou

 

 

 

Les amants de Lamalou (Villa Fontenay)  n'est plus disponible sur mon blog. Ce texte sera prochainement publié par la maison Édilivres et disponible en version papier et en version numérique. La parution est prévue pour l'été prochain (2014).

 

Avant-propos

 

Avec la publication d'un premier chapitre cette semaine, je commence une expérience : la présentation d'un roman sous la forme d'un feuilleton hebdomadaire. A ce jour, le récit n'est pas terminé. Il y aura neuf chapitres que vous découvrirez au fil de neuf semaines. Ce mode d'écriture me semble stimulant en raison de deux contraintes qu'il impose : celle d'une échéance régulière et celle d'une construction du texte qui doit solliciter la curiosité du lecteur.  

 

 

 

 

 

Chapitre 1

 

 

"La femme dont le coeur rêve n'a pas de sommeil ; chaque jour elle se lève avec le soleil."

Eurydice dans Orphée aux enfers, musique de Jacques Offenbach, livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy

 

Quand Violette Aizeux prit le chemin de Combes, le soleil était à peine levé. Les brumes montaient de la vallée. On entendait rouler les galets du Bitoulet, le torrent qui traverse Lamalou. L’orage de la veille avait donné beaucoup d’eau et le cours d’eau habituellement si mince était gonflé comme un serpent repu. Il menaçait le bourg construit sur sa rive droite. Il en était ainsi à chaque pluie violente. Le barrage de l’Horte, en amont, n’était qu’un projet et les habitants de la vallée s’en remettaient à Dieu quand le Marin déployait sa fureur de pluie et de vent au printemps et à l’automne.

 

06/07/2012

"Hi-ro-shi-ma... c'est ton nom"..Il lui répond : "C'est mon nom, oui. Ton nom à toi est Nevers. Ne-vers-en-Fran-ce*"...

Je cite Le Parisien de ce jour : "L'accident nucléaire de Fukushima a été un désastre créé par l'homme" et non pas simplement provoqué par le séisme et le tsunami géant survenus le 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon, a conclu jeudi une commission d'enquête mandatée par le Parlement. L'accident (..) est le résultat d'une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l'opérateur Tepco, et d'un manque de gouvernance de ces mêmes instances, a-t-elle expliqué dans son rapport final. "

La radioactivité ambiante a contaminé la région dans un rayon de 30 km. La zone est interdite à toute circulation. Qu'écrire ?

- Fu-ku-shi-ma... C'est ton nom...

- C'est mon nom, oui. Ton nom à toi est Flamanville. Fla-man-vil-le en France...

Nous sommes tous sur le même bateau face aux risques technologiques.

Je cite sur la même thématique les propos de Patrick Lagadec, directeur de recherche à l’École polytechnique, qui est à l’origine du concept de risque technologique majeur (Journal du Dimanche du 8 juillet 2012). 

 

 "La panne du réseau Orange (du vendredi 6 juillet 2012) est un avertissement (un de plus), qui nous force à ouvrir les yeux sur la vulnérabilité de nos sociétés complexes. Les défaillances majeures de notre siècle seront liées aux réseaux, avec le risque d’arrêt foudroyant et durable d’activités vitales. Vous imaginez les conséquences de la canicule de 2003 amplifiées par un black-out électrique… Ou les problèmes d’approvisionnement, lorsque les hypermarchés ont une journée de stocks de nourriture.

Nous avons vécu sous le principe du 'tout est sous contrôle'. Des plans d’urgence apportaient des réponses codifiées à des problèmes connus, avec garantie de retour à la normale. Nous voici confrontés à des défis plus lourds : le mégachoc, l’instantanéité, les effets domino, l’impossibilité de poser un diagnostic rapide.

Il nous faut atteindre l’excellence en matière de prévention. Mais nous allons devoir nous préparer à l’imprévu : non plus donner toutes les réponses pour ne jamais être pris de court, mais nous attendre à être surpris. Cela suppose de nouvelles capacités collectives pour naviguer dans des univers volatils, inconnus. Pour l’heure, nous sommes désemparés face à l’imprévu, incapables de gérer les “grandes surprises”. C’est un problème culturel plus encore que matériel. Intellectuellement, il nous faut accepter d’aborder une terra incognita, où rien ne sera écrit d’avance. Il est urgent d’apprendre à cartographier ces territoires étrangers et à inventer des modes d’action collective pour que les surprises ne soient pas des défaites coûteuses."

*Hiroshima mon amour, Marguerite Duras

 

 

 

 

16:07 Écrit par Jean Julien dans Billets d'humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fukushima, nevers, hiroshima, duras, nucléaire |

05/07/2012

Encore un effort Claude Guéant !

Le Figaro de ce jour relate un entretien que l'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant, battu en juin aux législatives, a donné aujourd'hui sur France Inter.


"Vivre comme un citoyen ordinaire, ça fait du bien aussi", explique Claude Guéant, très proche collaborateur de Nicolas Sarkozy. "Depuis des années et des années, je vis entouré d'une équipe qui s'occupe de mes petits problèmes, qui me passe mes coups de téléphone, qui me prend les rendez-vous...", déclare-t-il. "Maintenant, je passe mes coups de téléphone moi-même. C'est intéressant d'ailleurs, car ça montre aussi ce qu'est la vie des Français".

Il poursuit, sans se rendre compte de l'énormité de ses propos : "Je dois faire quelques contrôles médicaux, eh bien je vois ce que c'est d'obtenir un rendez-vous, c'est pas si simple que ça!", déplore-t-il. Selon lui, "ça apprend, y compris sur l'action publique et les propositions que l'on peut faire".

Encore un effort Claude Guéant et vous saurez à quoi sert un balai ! A chasser les ministres incompétents ! Heureusement que les électeurs dans leur sagesse ne vous ont pas élu député ! Sinon vous n'auriez pas eu l'occasion d'apprendre à téléphoner !

 

 

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Charlie Hebdo du 11 juillet 2012

28/06/2012

Je ne serai jamais Jeannie Longo

Je lis cette information dans la presse :

"Jeannie Longo, qui a participé à toutes les éditions des Jeux olympiques depuis 1984, n'a pas été retenue dans la sélection qui se rendra à Londres. La doyenne du cyclisme français est abattue."

Quelle tristesse que de ne pas pouvoir décrocher de la compétition sans rechigner, sans se plaindre et sans protester !

Je ne serai jamais Jeannie Longo. Il faut savoir tourner la page et passer à autre chose.

Sans s'accrocher comme une bernique à son rocher. Ou à son vélo !

Humeur du 28 juin 2012

18:07 Écrit par Jean Julien dans Billets d'humeur | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jeannie longo, décrocher, bernique |